Intervention de Nicolas Dhuicq

Séance en hémicycle du 16 septembre 2014 à 21h30
Lutte contre le terrorisme — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicolas Dhuicq :

En décrivant le dispositif de mobilisation des services de l’État dans chaque département, vous avez évoqué, monsieur le ministre, le recours à des psychiatres. Mais on oublie trop souvent qu’il n’existe pas, en matière de psychiatrie, de recouvrement entre les couples « bonne santé et maladie » et « normalité et pathologie ». Au risque de vous inquiéter, nous pouvons avoir des comportements pouvant être considérés comme pathologiques – consistant par exemple à décapiter en public ses frères humains, ou à les crucifier –, sans que ces comportements relèvent nécessairement de la discipline psychiatrique ni d’une pathologie au sens médical du terme. La majorité des patients des psychiatres sont d’ailleurs des gens infiniment pacifiques. Quant aux personnes visées par le projet de loi, elles peuvent être parfaitement organisées d’un point de vue psychique, voire hyperadaptées – mais peut-être en « faux self », pour employer un terme technique.

Je me permets donc de douter de l’efficacité de ce type de mesure, sachant qu’au-delà du problème qui nous concerne aujourd’hui, perdurent les vieux débats sur l’irresponsabilité pénale, la prise en charge des patients dangereux et le caractère inadapté à ce type de patient des structures de soins. C’est en partie la faute de mes aînés – en particulier post-soixante-huitards –, qui pensaient que tout le monde avait accès à la rédemption, ce dont personnellement je doute, notamment s’agissant des grands pervers. Or je crois déceler la même idée dans vos propos. Je pense pourtant qu’il faut accepter le fait que certaines structures psychiques, certaines organisations peuvent conduire aux actes dont nous parlons sans pour autant relever de la thérapie ni de la prise en charge psychiatrique. Cela méritait d’être précisé, même si cela n’est guère rassurant.

1 commentaire :

Le 27/10/2014 à 13:05, laïc a dit :

Avatar par défaut

"sans que ces comportements relèvent nécessairement de la discipline psychiatrique ni d’une pathologie au sens médical du terme"

S'ils ne relèvent pas de la discipline psychiatrique ou d'une pathologie au sens médical du terme, alors que ces actes sont considérés comme pathologiques, c'est que la psychiatrie est prise en faute. Il ne faut pas considérer que la psychiatrie a toujours raison et est omnisciente, et que les non-professionnels ont toujours tort, la psychiatrie peut aussi avoir des difficultés à appréhender et comprendre l'agressivité car, comme je le disais dans un autre commentaire, l'agressivité est un problème dont l'étude remet en cause l'individu (et le psychiatre est aussi un individu), lui pose des questions qu'il préfère ne pas résoudre et comprendre, faisant ainsi prendre aux sciences humaines un grand retard en ce qui concerne l'étude et la compréhension de l'homme et de la société.

Vous trouvez ce commentaire constructif : non neutre oui

Inscription
ou
Connexion