Intervention de Anne-Yvonne Le Dain

Séance en hémicycle du 17 juillet 2014 à 21h45
Délimitation des régions et modification du calendrier électoral — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnne-Yvonne Le Dain :

Récemment encore, l’État a transféré aux conseils généraux – à l’initiative de la droite – les quelques rares routes qu’il maîtrisait encore, celles, bien cabossées, qui étaient auparavant qualifiées « d’intérêt national ». Les départements ont assumé ce transfert et font le travail, ils réparent et rénovent.

Vaut-il mieux des préfabriqués dans les lycées et collèges, et des routes dangereuses dans nos campagnes ? Non ! Vaut-il mieux faire semblant de croire que la centralisation administrative nationale assurerait l’égalité des territoires ? Non ! Vaut-il mieux voir la réalité des politiques publiques assumées par des élus, au plus près des besoins des populations ? Oui ! Et si les inaugurations effectuées par les élus locaux font parfois sourire, ici à Paris, il n’en demeure pas moins que ce qui est inauguré est bien utile, et généralement de haut et bon niveau. À l’évidence, la décentralisation a été efficace pour aménager et équiper le territoire national.

Eh bien, maintenant, il faut continuer et accentuer, pour la croissance économique. C’est ce que nous faisons avec ce texte et avec cette carte, tous deux âprement disputés. C’est de l’innovation, institutionnelle et politique certes, mais de l’innovation. Dont acte.

Une première étape a été franchie l’an dernier avec la loi MAPAM, qui a affirmé les métropoles, assumant de fait la réalité de ce que vivent les gens au quotidien dans nos grandes villes. Elle a affirmé aussi que, dans une Europe, qui se cherche – avouons-le –, il convient que la France assume en son sein cette transformation du monde, d’un monde qui vit massivement dans les villes, grandes ou petites, et dans des villages du monde rural qui veulent les mêmes aménités qu’en ville, les mêmes aménités et des perspectives économiques et d’emploi dans un monde qu’ils savent mondial, interconnecté, plein d’enjeux et d’opportunités, plein de vitesse et de réactivité, tout à la fois transparent et angoissant.

Il faut donc que, partout, l’économie et les entreprises puissent se développer, au bénéfice de chacun et de notre pays. Non, Paris n’est pas la France et le reste n’est pas une vaste province, qui vivrait de la redistribution nationale, ce modèle qui, de fait, s’épuise. Les Trente Glorieuses, c’est terminé ; les trente ans du millefeuille, c’est terminé. Nous passons à autre chose. Dont acte. C’est bien. On verra dans trente ans, mais en attendant c’est ici et maintenant.

C’est donc une nouvelle économie que nous construisons : des métropoles et des villes visibles et actives, et de futures régions puissantes, tandis que le débat se poursuit pour l’échelon départemental. C’est bien, mais il est vrai que nous savons bien que nous sommes un pays mi-révolutionnaire mi-réformiste, qui fait soit tout, tout d’un coup, soit un peu, tout doucement. Dont acte. Alors, lorsque j’entends les références culturelles régionalistes poindre ici et là, j’ai envie de souligner que les provinces de notre histoire française sont faites, comme nos clochers, pour devenir des oeuvres d’art, littéraires et poétiques, en nos fors intérieurs, et des atouts culturels et culinaires, touristiques et paysagers…, tandis que la France que nous construisons ce jour est celle de l’économie, du travail, de l’innovation, de l’interconnexion, une France qui vit dans un monde mondial qui ne nous attend pas. Il est temps que nous changions, pour nos soixante-cinq millions d’habitants. Notre organisation territoriale doit changer, nous le savons au fond, car il y a une sorte de fatigue démocratique dans notre pays inquiet. Alors, oui au changement, mille fois oui.

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