Intervention de Catherine Vautrin

Séance en hémicycle du 17 juillet 2014 à 21h45
Délimitation des régions et modification du calendrier électoral — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCatherine Vautrin :

Mme Bechtel a raison de qualifier certaines régions de périphériques, en particulier par rapport à l’Île-de-France. Si nous prenons le cas de Champagne-Ardenne, cette région fait l’objet de nombreuses attentions : en une semaine, en effet, nous sommes passés d’un mariage forcé avec la Picardie à une alliance sans consentement avec l’Alsace-Lorraine.

Qu’elle soit sans consentement, nous l’avons tous constaté ce soir. Les Alsaciens ont détaillé leurs spécificités locales, sur lesquelles je n’ai pas à me prononcer, sauf à constater qu’elles n’empêchent pas leur région de connaître un développement économique et un rayonnement international que beaucoup lui envient. On voit bien que c’est une région qui innove ; pourquoi, dès lors, lui imposer cette alliance ?

C’est pourquoi je considère avec beaucoup d’intérêt le sous-amendement présenté par nos collègues alsaciens. Car il n’y a pas non plus de consentement de la part d’un certain nombre d’élus de la Marne, et particulièrement des maires de Reims et de Châlons-en-Champagne.

La Marne représente 600 000 habitants sur les 1,2 million qui peuplent la région Champagne-Ardenne. Cette dernière est d’ailleurs la seule, dans l’Hexagone, à perdre des habitants. C’est dire si elle a besoin de se dynamiser, de se moderniser ! Mais en aucun cas elle ne veut être éliminée. C’est pourquoi nous sommes inquiets à l’idée de voir son barycentre se déplacer vers l’est.

Nous aussi, nous avons besoin d’obtenir des réponses concrètes. Que se passera-t-il demain entre Paris et Strasbourg ? Qu’en est-il des administrations déconcentrées ? Quid des directions régionales des entreprises privées, qui seront tentées de calquer leur modèle de développement sur celui de l’administration ? Pourquoi, en définitive, tourner vers l’est un territoire qui, pour une bonne partie, regarde vers la Région parisienne ?

Nous savons que des liens forts existent entre la Champagne-Ardenne et la Lorraine – on a parlé de l’agro-industrie et de la métallurgie. Les deux régions partagent des infrastructures majeures comme l’autoroute A4 ou le TGV est. Mais n’oublions pas que l’autre côté regarde vers l’ouest. Dans la Marne, et notamment à Reims, on se trouve à 45 minutes de Paris et à 30 minutes de Roissy, mais à 2 heures 45 de Strasbourg. C’est un modèle totalement différent.

L’enjeu pour nous, aujourd’hui, est d’être, à l’est, la porte d’entrée du Grand Paris. Il est incontestable que notre bassin de vie rassemble le sud de l’Aisne, c’est-à-dire une partie de la Picardie, et la région Champagne-Ardenne. On a parlé des complémentarités en matière agricole, mais parlons aussi des services : que serait le CHU de Reims, par exemple, sans la patientèle des Ardennes ou axonaise ? En revanche, il faut être lucide : quand on habite à Chaumont, aucun train ne peut nous mener à Châlons-en-Champagne. On regarde alors vers la Lorraine ou la Bourgogne. C’est pourquoi le droit d’option a autant d’importance.

Réformer la carte, il faut évidemment le faire : c’est sans doute le plus petit dénominateur commun de nos débats de cette nuit. Nous sommes tous d’accord pour réformer, pour gagner en modernité, mais nous souhaitons le faire en respectant la cohérence de chacun des territoires. Tout à l’heure, notre collègue Serge Grouard, député-maire d’Orléans, disait que la région Centre n’avait pas vocation à être une variable d’ajustement. Il en est de même de la région Champagne-Ardenne, dont le sort n’a pas vocation à changer chaque semaine au gré des accords politiques.

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