Intervention de Nicolas Dhuicq

Séance en hémicycle du 7 juillet 2014 à 21h30
Agriculture alimentation et forêt — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicolas Dhuicq :

…qui imposent au Gouvernement leur vocabulaire, leur vision du monde, leur organisation, et qui vont faire en sorte que les dernières grandes exploitations exportatrices françaises seront encore plus handicapées que leurs concurrentes allemandes. Je ne parle pas des produits transformés, du nombre d’abattoirs qui partent en République fédérale d’Allemagne. Les Pays-Bas, le Luxembourg, la Belgique, le Danemark perdent leurs abattoirs, la France aussi. Accessoirement, la destruction des laboratoires départementaux accélérera ce processus. Vous savez quelles difficultés connaissent les zones rurales pour maintenir ces abattoirs. Ce qui se met en place progressivement pour les protéines animales arrivera aussi pour nos céréaliers.

C’est pourquoi je pense que votre texte n’est pas un texte opérationnel. C’est un texte profondément idéologique. Bien entendu, il va avantager les zones de montagne, les territoires ayant de petites surfaces d’exploitation, mais ce ne sont pas ces territoires qui sont les locomotives du pays et qui peuvent apporter au produit intérieur brut les quelques milliards d’euros d’exportations dont nous avons besoin pour maintenir quelques richesses dans ce pays.

Voilà le plan général dans lequel nous évoluons. Malgré votre sourire sympathique, monsieur le ministre, je continue de penser que votre texte ne sera pas positif pour nos exploitations agricoles.

Nous allons aborder ces prochaines soirées plusieurs sujets importants. Nous intervenons dans un contexte où le Sénat, dans sa grande sagesse – nonobstant l’attitude du ministre de l’intérieur dans la soirée de mercredi dernier, que j’ai trouvée personnellement déplorable, car c’est la première fois que j’entends un ministre de l’intérieur de la Cinquième République mépriser à ce point la seconde chambre – et à juste titre, avait pris en compte les destructions occasionnées par le loup, qui est, contrairement à ce qui est souvent répété par erreur, un animal non pas de montagne mais de plaine.

L’article 18 bis a malheureusement été largement remanié. J’espère que nous y reviendrons et que vous saurez écouter la voix de votre collègue de Poitou-Charentes, aujourd’hui ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie, qui a semble-t-il quelque sens politique, et a entendu l’appel des éleveurs de ce pays. Car, ainsi que le disait tout à l’heure une collègue socialiste, en plus du loup et de l’ours, nous avons également à nous préoccuper des vautours.

En effet, l’Europe, avec la sagesse que nous lui connaissons, a comme vous le savez interdit à nos confrères espagnols de laisser ces oiseaux dévorer les carcasses. Or, le vautour des Pyrénées, contrairement au vautour royal d’Afrique, que nos compatriotes ont toujours en tête, n’est pas uniquement un charognard ; il a depuis fort longtemps des habitudes alimentaires différentes. Alors que ces vautours étaient bien sagement de l’autre côté de la frontière et faisaient leur office de nettoyeurs de carcasses, l’interdiction de Bruxelles, qui agit toujours très intelligemment, a pour résultat qu’ils franchissent la frontière et s’attaquent maintenant à nos troupeaux.

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