Intervention de Nicolas Dhuicq

Séance en hémicycle du 7 juillet 2014 à 21h30
Agriculture alimentation et forêt — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicolas Dhuicq :

Madame la présidente, monsieur le ministre, monsieur le rapporteur, chers collègues députés de la nation, la deuxième lecture de ce texte intervient en un moment tout particulier pour notre pays, sur le plan national comme sur le plan international.

Sur le plan national, tout d’abord, il ne vous aura pas échappé, monsieur le ministre, que la majorité des exploitants agricoles vivent en zone rurale, ni qu’ils résident sur le territoire de communes qui voient leurs budgets baisser brutalement comme jamais cela ne s’est vu sous la Cinquième République : 4 % de baisse de dotation globale de fonctionnement pour les communes et les intercommunalités en zone rurale, même lorsqu’elles ont fusionné, malgré la carotte promise par l’État et jamais transmise sur beaucoup de territoires. Et ce en attendant un plan d’économies de 11 milliards d’euros au nom du dogme de la dette toute puissante et de l’incapacité du Gouvernement à permettre aux Françaises et aux Français de travailler librement, donc de créer les richesses qui seules permettront d’abaisser la charge de la dette. Vous êtes dans une fuite en avant délétère vers la destruction des dernières richesses de ce pays et de nos territoires par une fiscalisation outrancière.

Sur le plan national toujours, nous sommes dans une période dans laquelle vous jouez, en quelques heures, un jeu de bonneteau redécoupant les régions de France. Les nouvelles régions ne correspondront à rien de notre histoire, à aucune des régions que, sagement, l’Ancien Régime avait su préserver, au moins jusqu’à il y a deux siècles. Découpage des régions, destruction des zones rurales, destruction des services publics, distribution de quelques prébendes, dans un plan de 40 millions d’euros à destination des centres-bourgs de zones rurales, pour lesquels les parlementaires ne sont pas consultés, pas plus que les sous-préfets ou préfets de département ; tel est le paysage dans lequel nous évoluons.

Sur le plan international, votre projet de loi, monsieur le ministre, intervient au moment où la politique agricole commune résultant de l’accord tacite entre la République fédérale d’Allemagne et la France voit la partie destinée au premier pilier baisser et où un système d’aides au premier hectare, que nos chers concurrents et amis allemands ont adopté il y a dix ans, va amplifier la destruction et la déstructuration de l’agriculture productrice française. Nous ne sommes plus les premiers producteurs de protéines animales sur le continent européen ; nous allons bientôt, avec ce système de l’aide au premier hectare, passer derrière la République fédérale d’Allemagne.

En outre, mon intervention a lieu après des événements plus à l’Est, alors que le président Poutine a proposé de sortir du système tout puissant du dollar et invité son partenaire la Chine à signer des traités fort intéressants : au moment où le plus grand échange gazier se fait hors zone dollar entre la Chine et la Russie.

L’Ukraine, terre à blé, a vu de nombreux capitalistes, y compris français, acheter de grandes terres. Or, au moment où nous débattons, les produits ukrainiens ne sont plus taxés par l’Union européenne. Bizarrement, il est interdit d’importer des produits de Crimée, mais les produits ukrainiens peuvent entrer librement. L’Ukraine étant un grand producteur historique de céréales, je m’inquiète une fois de plus de ce collage du gouvernement français aux politiques anglo-saxonnes.

C’est dans ce contexte international particulièrement troublé que vous avez choisi de défendre un projet de loi qui veut, selon les mots du Président de la République, simplifier largement la vie de nos exploitations agricoles. Vous cédez à vos alliés environnementalistes, dits écologistes, dominants idéologiquement,…

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