Intervention de Philippe Vigier

Séance en hémicycle du 18 juin 2014 à 21h30
Réforme ferroviaire — Article 2

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Vigier :

L’amendement de M. Pancher est central. Si vous proposez cette réforme ambitieuse, monsieur le secrétaire d’État, c’est que vous avez une stratégie. Vous avez d’ailleurs affirmé, en réponse à un collègue parlementaire, que, faute de créer cet ensemble, la dette du système ferroviaire passerait en quelques années de 40 à 80 milliards d’euros.

Est-ce une injure que d’affirmer qu’il existe des marges de progression en termes de productivité et de compétitivité ? En 1995, lors de la première expérimentation consistant à transférer aux régions des compétences en matière de transport ferroviaire, j’ai été de ceux qui ont négocié, avec l’aide de KPMG, la première convention avec la SNCF. Je me souviens qu’il avait fallu deux ans pour obtenir un début de comptabilité analytique et commencer à comprendre la situation.

Je prendrai un exemple simple, qui ne concerne justement pas le transporteur, monsieur Duron, mais bien le gestionnaire de réseau : celui de l’allongement des quais de la gare de Dordives, dans le Loiret. Pour ce chantier d’un million d’euros consistant à construire 400 mètres de quai, RFF avait naturellement fait appel à des sociétés d’ingénierie sous-traitantes, mais les travaux avaient été effectués par la SNCF.

Lorsque nous avons auditionné Guillaume Pepy et Jacques Rapoport, les deux présidents ont admis qu’il existait d’extraordinaires gisements de productivité et d’économies. L’amendement no 169 parle d’ « incitation » ; je ne pense pas qu’il s’agisse d’un gros mot ! Faute de porter cette ambition, vous ne trouverez pas, demain, les moyens nécessaires pour financer les infrastructures de transport, d’autant que vous ne pourrez plus compter sur les régions, qui ont déjà financé tout ce que l’État aurait dû financer.

Comment pouvez-vous prétendre adopter une politique ambitieuse si vous n’êtes pas capables de définir une stratégie pour améliorer la compétitivité du système ? N’oubliez pas que demain, avec l’ouverture à la concurrence, nos coûts seront comparés à ceux de nos voisins. Réfléchissez-y ! Préciser que le« gestionnaire de l’infrastructure est encouragé par des mesures d’incitation à réduire ses coûts », ce n’est pas grand-chose. Mais ne pas le faire, c’est abandonner toute idée de progrès en matière de compétitivité.

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