Intervention de Gilbert Collard

Séance en hémicycle du 12 juin 2014 à 9h30
Lutte contre l'apologie du terrorisme sur internet — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGilbert Collard :

Madame la présidente, monsieur le secrétaire d’État, monsieur le rapporteur, mes chers collègues, ce texte n’est pas parfait – il doit être débattu et amendé – mais il a le mérite d’exprimer le mouvement, dans un contexte particulièrement préoccupant et une immobilité quelque peu inquiétante.

Je formulerai toutefois une critique d’ordre sociocriminologique : ce texte est symptomatique, dans la mesure où il ramène le terrorisme et le djihadisme à l’action sur internet. Or celle-ci n’est qu’un aspect de ces mouvements qui englobent le communautarisme, le radicalisme et la propagande.

Tous les gouvernements ont cédé devant cette propagande. Signalée encore récemment par nos services, elle se déploie insidieusement à l’école, dans nos entreprises. Plusieurs rapports indiquent que le communautarisme y devient inquiétant, menaçant. Il est donc temps de réagir.

Le véritable problème, c’est le communautarisme, l’atteinte à la laïcité, un chemin que le djihadisme emprunte pour s’introduire progressivement dans les esprits. Malheureusement, nous sommes désemparés, car c’est parfois notre jeunesse aussi qui devient djihadiste et terroriste. Cela nous renvoie à nos échecs. Depuis des années et des années, nous sommes incapables de réussir l’intégration de Français à ce pays qui est le leur. Faute de rêves, ils s’en vont nourrir des cauchemars.

La France n’a pas donné le rêve, elle reçoit en retour le cauchemar. En Syrie, 320 djihadistes français seraient présents ; ils risquent hélas de revenir. Bien sûr, des dispositions ont été prises, mais la lutte est difficile : Mossoul vient de tomber ; un attentat ignoble a été commis au musée juif de Bruxelles. Ayant eu à m’occuper de l’affaire Merah à ses débuts, en tant qu’avocat du jeune parachutiste assassiné, j’ai pu voir les limites de ce qu’il est possible de faire.

Tout cela est particulièrement inquiétant. La France s’est désarmée mentalement devant le terrorisme et le djihadisme, parce que l’on a peur de dire les choses. Lorsque nous étions les premiers à affirmer qu’il fallait déchoir de la nationalité française les terroristes ou les djihadistes qui allaient commettre des attentats, on nous insultait, on nous traitait de fascistes – comme d’habitude. Mais aujourd’hui, le mal est là.

Au nom de l’amour du pays, nous devons nous réunir sur toutes les dispositions qui doivent nous permettre de contrer cette guerre, une guerre qui ne fait que commencer. Toute mesure qui sera prise en ce sens, si elle est discutée, débattue, amendée, sera bonne. L’immobilité serait la pire des choses. C’est devant le mur où l’on se fait fusiller que l’on se tient immobile. Nous avons donc intérêt à réagir vite.

Internet est un lieu de propagande, de fabrique. Mais nous passerons à côté de la réalité du problème si nous ne comprenons pas que cela se passe aussi ailleurs : dans les écoles, dans les lycées, dans les entreprises, dans les lieux de culte et dans les prisons – l’endroit même où l’on devrait assurer la reconstruction est devenu un lieu de déstructuration et l’on en est à se dire qu’il faut contrôler les lieux de détention pour éviter le prosélytisme !

La situation dans laquelle nous nous trouvons est objectivement dramatique et appelle l’adoption de mesures à mettre en oeuvre rapidement. Celle-là en est une ; elle a le mérite d’exister. Nous devons, au-delà de tous les clivages politiques, nous y associer.

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