Intervention de Axel Poniatowski

Réunion du 7 mai 2014 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAxel Poniatowski :

C'est finalement le principe de réalité qui a conduit le Hamas à souhaiter un accord avec le Fatah. La perte d'influence des Frères musulmans dans la région a réduit le soutien qu'ils pouvaient apporter.

La division de la partie palestinienne a conduit Israël à ne pas négocier, le Fatah ne représentant que lui-même et le Hamas contrôlant la bande de Gaza. Il y a donc aujourd'hui une opportunité historique. Des négociations sérieuses ne pourront reprendre qu'une fois que la partie palestinienne constituera vraiment une entité solide et complète.

On a annoncé que le Hamas reconnaissait le leadership de Mahmoud Abbas. Quelles sont concrètement les étapes à venir pour que l'unité palestinienne devienne une véritable réalité ?

Son Excellence M. Hael Al Fahoum. Evitons de parler de chrétiens, de juifs et de musulmans dans cette affaire. Il ne s'agit pas d'une guerre de religion. La question est politique et juridique. La société palestinienne est une société mélangée, comptant des Palestiniens juifs, des Palestiniens chrétiens, des Palestiniens musulmans et des Palestiniens laïques, qui considèrent la religion comme une affaire privée. J'ai beaucoup de respect pour mes amis et mes frères juifs ou chrétiens.

Au demeurant, ceux qui ont le mieux défendu la cause palestinienne en France sont d'honnêtes citoyens juifs français, qui connaissent les souffrances du peuple palestinien et qui ont su dévoiler la stratégie du gouvernement israélien. J'aimerais pouvoir vous parler des démarches positives entreprises par le gouvernement de M. Nétanyahou, mais il n'y en a pas. A chaque fois, au lieu d'essayer de trouver des mécanismes d'application de paramètres faisant l'objet d'un consensus, y compris par les Américains, on recule et on finit avec de nouvelles questions.

Pourquoi n'a-t-on pas posé comme condition aux Egyptiens et aux Jordaniens de reconnaître la judéité de l'Etat israélien lorsque les accords de paix ont été négociés ? Ce n'est pas à nous de reconnaître ou non la manière dont Israël veut s'appeler. C'est aux Israéliens de s'adresser à l'ONU pour demander un changement de nom.

L'objectif de Nétanyahou est de nous pousser à nous autodétruire et à nier notre propre identité et nos propres droits. Il mène une stratégie de négation qui n'est pas nouvelle. Dans les années 1950, certains disaient que les parents mourraient et que les enfants oublieraient. Mais ils n'ont pas oublié. Dans les années 1960, un haut responsable israélien a déclaré que le peuple palestinien n'a jamais existé. De même, Nétanyahou fait comme s'il allait nous donner quelque chose, non pas en vertu de nos droits, mais par générosité. Or c'est de notre partie qu'il est question. Les Palestiniens, qu'ils soient juifs, chrétiens ou musulmans, y ont des racines. Nous avons vécu ensemble pendant des milliers d'années.

Ne polémiquons pas sur des questions de religion, surtout dans un Etat laïc comme la France.

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