Intervention de Lionel Tardy

Séance en hémicycle du 7 janvier 2014 à 21h30
Agriculture alimentation et forêt — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLionel Tardy :

…car, inutile de se mentir, l’avenir de l’agriculture ne se joue pas dans un texte de loi national, il se joue à Bruxelles. Le temps que nous allons passer ici à débattre est utile, et j’espère qu’il sera productif, mais ce n’est qu’une goutte d’eau à côté des négociations pour la nouvelle politique agricole commune qui ont eu lieu l’année dernière.

Ce constat étant fait, je ne peux que m’étonner du contenu de l’article 1er de ce projet de loi, sur lequel je reviendrai lors de la discussion des amendements. Assez révélateur du texte dans sa globalité, cet article est une énumération des objectifs de la politique agricole, sans aucune portée normative, sans aucune application concrète. Or, je l’ai déjà dit, le monde agricole est las des belles paroles. Dans cette belle litanie, l’essentiel n’est que très peu évoqué. En effet, et c’est le défaut de l’ensemble du texte, les aspects économiques sont négligés. Compétitivité et croissance ne sont pas des gros mots dans le domaine de l’agriculture. Le Gouvernement a visiblement encore plus de mal à expliquer cette logique de dynamique au monde agricole.

Pourtant, les attentes et les besoins sont les mêmes que pour l’ensemble de l’économie française. Les exploitations agricoles sont des entreprises comme les autres, il ne faut pas avoir peur de le dire. Je ne vois rien dans ce texte qui pourrait renforcer la capacité d’entreprendre et la capacité d’innovation de notre agriculture. Donner plus de liberté, aider les projets porteurs de croissance, de compétitivité et d’emploi, le tout en respectant, bien sûr, les ressources naturelles et l’environnement, voilà ce qui serait une vision d’avenir et un début de révolution.

Au lieu de cela, ce texte est construit autour d’une conception administrée de l’agriculture, qui est vue comme un simple outil de l’écologie et du développement durable. Est-ce vraiment la priorité, Prenons l’exemple des groupements d’intérêt économique et environnemental. Parler d’environnement et d’agroécologie, cela fait joli, mais néglige encore une fois totalement les besoins de l’agriculture. Je vous conseille la lecture de l’étude d’impact de l’article 3 qui crée les GIEE, censé être la révolution de ce texte mais qui ne fait que quelques lignes. On lit notamment que « les impacts financiers économiques devraient être très positifs mais ne peuvent être chiffrés à ce stade ». Quant aux impacts sur l’emploi, « cette mesure favorisant le développement de l’activité aura un impact positif sur l’emploi en agriculture ». Voilà donc la vision qu’a le Gouvernement de l’avenir de l’agriculture.

À côté de cela, beaucoup d’inquiétudes persistent, notamment sur l’installation des jeunes agriculteurs, les aides dont elle est l’objet ayant été rabotées dans le budget 2014, tout comme celles destinées au changement d’activité.

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