Intervention de Anne Lauvergeon

Réunion du 23 octobre 2013 à 11h00
Commission des affaires économiques

Anne Lauvergeon, présidente de la commission Innovatio :

Oui. Mais le Parlement sera saisi de ces questions.

Il faut aussi regarder ce qui se fait ailleurs. Fukushima nous a rappelé la nécessité de la transparence : il ne peut pas y avoir de nucléaire sans transparence, sans sûreté, sans sécurité ; cette industrie n'est pas faite pour des pays qui ne sont ni stables, ni rationnels. Je me suis beaucoup opposée au gouvernement précédent quand il voulait vendre des réacteurs à la Libye du colonel Kadhafi, et je crois avoir eu raison ! J'ai aussi été effarée de la mode – avant Fukushima – du nucléaire bas de gamme, low cost : imagine-t-on une centrale nucléaire avec un peu moins de béton, des systèmes de sécurité un peu moins performants ? L'accident de Fukushima a mis en évidence la nécessité d'un retour aux fondamentaux.

Aujourd'hui, c'est ce qui se passe : des pays stables et rationnels veulent utiliser l'énergie nucléaire, de manière moderne, grâce aux centrales de troisième génération. La Turquie vient de choisir le réacteur Atmea, développé par AREVA avec Mitsubishi, et le Royaume-Uni a choisi l'EPR. Les choix français de long terme se trouvent donc plutôt confortés. Notre politique nucléaire aura aussi, il faut en être conscient, un retentissement sur la vente de nos produits à l'étranger.

Vendre des réacteurs, des TGV, etc. est l'une de nos forces. Mais il faut être conscient que cela implique désormais des financements : au Royaume-Uni, ce financement est apporté par EDF, en Turquie par l'État japonais, à Abou Dabi par les Coréens… En revanche, il n'existe ni financement français, ni financement européen : il faudra régler ce problème si nous voulons continuer à vendre des infrastructures dans le monde. Ne nous payons pas de mots : aujourd'hui, c'est le système asiatique qui marche !

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion