Intervention de David Vergé

Séance en hémicycle du 9 octobre 2012 à 21h30
Régulation économique outre-mer — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDavid Vergé :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, je tenais tout d'abord à remercier notre ministre, au nom de l'ensemble de la délégation de Wallis et Futuna, d'avoir bien voulu la recevoir le 2 de ce mois. Grâce à votre intervention et à celle de notre Gouvernement, cette rencontre a permis de stabiliser le fragile équilibre de nos îles, par l'adoption de mesures sociales et par votre gestion du dossier, très sensible, de notre agence de santé. L'ensemble des tendances politiques et coutumières que vous avez reçues a salué votre dynamisme, votre attitude respectueuse, votre écoute et la réactivité de vos réponses. On peut le dire : le changement, c'est effectivement maintenant pour Wallis et Futuna.

Notre satisfaction se prolonge avec votre projet de loi sur la régulation de nos économies d'outre-mer. Il est évident que chacune d'entre elles a ses particularités, et que cette loi doit être ajustée et adaptée. Nous ne sommes pas assez naïfs pour croire qu'elle ne doit pas être travaillée, chez chacun d'entre nous, en fonction de nos réalités propres. Elle n'en constitue pas moins un cadre et un support communs, des fondations communes à tous pour lancer un travail local, avec votre appui.

Je souhaiterais parler plus particulièrement, si vous le permettez, monsieur le ministre, de mes îles de Wallis et Futuna. Sous nos cocotiers, nos populations vivent un enfer : une misère qui, jusqu'à aujourd'hui, n'a été que constatée. Ceux qui étaient hier au pouvoir trouvent aujourd'hui cette loi trop peu progressiste. J'aimerais leur rappeler leur bilan : pour Wallis et Futuna, il est catastrophique.

Wallis et Futuna sont également touchées par le fléau des monopoles et des oligopoles. Je tiens à rappeler que, souvent, ces puissantes plateformes cumulent le marché de gros, la distribution, mais aussi le transport maritime. Les actionnaires, souvent extérieurs au territoire, rapatrient leurs bénéfices sans réinvestir cette manne financière : ils vident ainsi nos îles de leur capacité d'investissement. Ces mêmes monopoles bloquent l'initiative des entrepreneurs locaux. C'est une évidence : ces monopoles tuent les îles de Wallis et Futuna.

Le résultat, c'est qu'aujourd'hui 85 % de la population sont sans revenus fixes, et qu'un exode massif, vers la Nouvelle-Calédonie notamment, fait que nos concitoyens sont désormais deux fois plus nombreux en Nouvelle-Calédonie que sur leurs îles natales.

Monsieur le ministre, je tenais à vous interpeller plus particulièrement, si vous me le permettez, sur le coût de l'électricité, qui est six fois supérieur à celui de l'hexagone. La situation n'est plus tenable pour les plus faibles, et je vous demande de traiter ce problème avec beaucoup de soin. Je me permets de rappeler que l'égalité et la fraternité doivent s'appliquer aussi aux concitoyens de Wallis et Futuna. Nous ne sommes pas des « sous-Français ».

Je ne reviendrai pas, comme l'ensemble de mes collègues, aux problématiques relatives à la continuité territoriale, ou à la fracture numérique, par exemple : nous avons, à Wallis et Futuna, les mêmes problèmes structurels, démultipliés par notre distance plus grande à notre mère patrie.

Pour conclure, monsieur le ministre, croyez à nos remerciements et soyez certain de notre soutien ; nous sommes heureux de valoriser notre fonction de député en vous soutenant, et de pouvoir rentrer chez nous avec le sentiment d'avoir apporté de la justice sociale, et d'avoir, simplement, servi utilement nos îles. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, GDR et RRDP et sur quelques bancs du groupe UDI.)

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