Intervention de Christian Kert

Séance en hémicycle du 24 juillet 2013 à 15h00
Indépendance de l'audiovisuel public — Motion de renvoi en commission

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristian Kert :

Vous avez également tenté d’agiter le spectre des demandes d’économies qui ne seraient pas suivies d’effets. Or, la direction de France Télévisions, sous l’impulsion de son président Rémy Pflimlin, peut afficher des économies d’échelle dans les coûts des grilles et des économies en moyens humains clairement identifiées. De fait, vous n’apportez aucune réponse aux interrogations que suscite la situation de France Télévisions, à laquelle vous demandez de nouveaux efforts dans les domaines de la production – où son rôle est essentiel –, du numérique, de l’audiodescription, tous domaines qui ont un coût non négligeable. Nous pouvons reconnaître de manière unanime, me semble-t-il, la qualité du travail fourni par le groupe France Télévisions dans le domaine de l’information. Dans ce contexte, comment invoquer l’indépendance si nous n’assurons pas la sécurité financière ? Cela nous conduit, monsieur le président, à demander à revenir devant notre commission, pour travailler avec Mme la ministre sur cet aspect essentiel que vous appelez de vos voeux.

Le quatrième et dernier argument, qui nous autorise à contester l’examen de ce texte en séance publique et à réclamer son retour devant notre commission, est celui que je nommerai le régime d’exception, que certains de nos collègues socialistes voudraient imposer – jusqu’à présent, madame la ministre, contre votre avis, mais cela durera-t-il ? À celles et ceux de nos collègues qui sont favorables à ce régime d’exception, qui consisterait à vouloir mettre un terme, avant l’heure, au mandat des présidents des sociétés publiques, je dirai qu’ils font bégayer l’histoire. À vous, monsieur le président, qui êtes un homme d’histoire et de culture, je dirai que le texte de vos amendements a en fait été rédigé il y a longtemps, il y a 220 ans précisément. Nous sommes le 17 septembre 1793 : la Convention nationale, à l’initiative de Robespierre et de Cambacérès, vote une loi – la loi des suspects –, qui s’applique à ceux qui, « par leur conduite ou leurs relations, se sont montrés ennemis de la liberté ». Mieux encore, pour l’adjoint au maire que vous êtes, monsieur le président, un mois plus tard, la Commune de Paris précise les critères de suspicion : « ceux qui, n’ayant rien fait contre la Liberté, n’ont aussi rien fait pour elle. » De fait, tout un chacun est susceptible de devenir un jour l’ennemi qu’il n’était pas la veille.

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