Intervention de Dolores Roqué

Séance en hémicycle du 11 septembre 2012 à 21h30
Création des emplois d'avenir — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDolores Roqué :

Madame la présidente, messieurs les ministres, chers collègues, je tâcherai d'être brève, comme on me l'a enjoint.

Quand on est parlementaire en France aujourd'hui, on mesure l'impérieuse nécessité de répondre avec volontarisme et célérité à l'urgence. En effet, 3 millions de chômeurs et des chiffres alarmants pour la cible visée, les jeunes entre seize et vingt-cinq ans, me semblent largement justifier l'accélération d'une des priorités du président Hollande.

Quand on est parlementaire de la sixième circonscription de l'Hérault, dont la ville phare de Béziers a le triste privilège des deuxièmes indicateurs les plus catastrophiques de France en termes de chômage des jeunes et concomitamment de décrochage scolaire, on mesure l'extraordinaire pertinence d'un dispositif qui permettra à nos concitoyens dont les enfants dérivent de renouer avec l'espoir en un avenir meilleur.

Qui sont ces jeunes qui dérivent ? Les laissés-pour-compte de l'école de la République, qu'il faudra refonder pour refonder la République, comme l'a dit notre ministre de l'éducation nationale.

Et ces laissés-pour-compte, mes chers collègues, sont les victimes de dix années de casse du service public d'éducation, de la RGPP versus éducation nationale, avec son cortège de classes pléthoriques et hétérogènes qui, d'abord, ont fragilisé, voire exclu les plus faibles. Ce n'est pas la seule raison du décrochage scolaire, mais elle y a considérablement participé.

Parce que, mes chers collègues, tel est l'enjeu majeur de ce dont nous débattons ce soir : proposer, certes dans l'urgence, mais pour répondre à l'urgence sociale et économique, un texte abouti qui réponde même quantitativement au fléau et du chômage et du décrochage scolaire, à la sortie sans qualification du système scolaire, aux 120 000 jeunes qui, annuellement, quittent l'école sans aucun diplôme, et aux près de 500 000 jeunes rayés de la carte de l'insertion et du travail, et donc, dépossédés de tout espoir en l'avenir.

Vous savez ce que devient un jeune qui décroche ? Au mieux quelqu'un de socialement déstructuré, au pire un délinquant, parce qu'il faut bien vivre. Et pour ceux pour qui la logique comptable prévaudrait sur toute autre considération, in fine, il coûte bien plus cher à la collectivité.

Dans ma circonscription, dont un quartier sensible aurait vocation à bénéficier du label ZUS, tellement la situation sociale est dégradée et le volet sécuritaire une préoccupation récurrente, un dispositif de mise en selle à l'emploi est sans aucun doute l'une des attentes majeures des 16-25 ans et de leurs familles, contraintes aujourd'hui aux solidarités générationnelles. Eh bien, c'est pour leur avenir que nous proposons 150 000 emplois et pour l'avenir de futurs enseignants plus proches, plus en phase et, de ce fait, plus efficaces, dissuadés jusqu'alors par les moyens financiers qu'imposent des niveaux de qualification exigeants.

Voilà donc les moyens idoines de réinsérer, de réintégrer durablement, efficacement, pendant trois ans, de qualifier, de valider une formation professionnalisante, socle de tout avenir social, de toute intégration citoyenne ; voilà donc les moyens de promouvoir des générations de nouveaux « hussards noirs » de la République.

Convenez que la réponse est à la hauteur de la gravité de la situation et qu'elle est autrement plus adaptée que le constat d'une baisse tendancielle de la hausse du chômage.

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