Intervention de Barbara Romagnan

Séance en hémicycle du 11 septembre 2012 à 21h30
Création des emplois d'avenir — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBarbara Romagnan :

Madame la présidente, messieurs les ministres, madame, monsieur les rapporteurs, chers collègues, je voudrais dire mon admiration pour l'assurance de mon prédécesseur. Je regrette que ces solutions, si efficaces, n'aient pas été mises en oeuvre plus tôt. Les jeunes en auraient été heureux. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.) Je ferai preuve de plus d'humilité.

Nous vivons une crise économique grave, mais la crise écologique est tout aussi préoccupante. Y faire face impose de réfléchir à un nouveau modèle de développement et à des créations d'emplois en cohérence avec les besoins et les ressources de demain.

Il s'agit de faire en sorte que ces emplois d'avenir préparent le futur de ces jeunes en leur permettant d'accéder à un emploi et ouvrent la voie à un avenir commun, en matière d'aménagement du territoire, d'environnement et de développement social.

Pour cela, la formation est évidemment essentielle. Une formation de qualité est nécessaire pour répondre à l'exigence d'évolution de certains emplois et pour atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés collectivement, en termes de transition énergétique et d'amélioration des conditions de vie. L'avenir est à la voiture électrique, au développement des énergies nouvelles, aux services à la personne, aux relations numériques. Cela impose des connaissances et des savoir-faire.

La formation est une condition, à défaut d'être une garantie, d'une insertion durable des jeunes dans la vie professionnelle. Les études en témoignent, l'entrée dans le monde du travail est facilitée par le diplôme, qui permet une insertion plus rapide et plus stable.

En 2008, alors que le taux de chômage des jeunes sortis de formation depuis un à quatre ans était en moyenne de 14,4 %, celui des diplômés de l'enseignement supérieur n'était que de 6,1 % mais il passait à 38 % pour les non diplômés. Au-delà, le risque de précarité est lui aussi lié au niveau de formation.

Néanmoins, la garantie tient surtout à la reconnaissance des compétences. Aujourd'hui, un apprenti s'insère plus facilement dans la vie professionnelle qu'un lycéen.

Les syndicats et les associations auditionnées ont tous insisté sur la nécessité de faire de ces emplois d'avenir un vecteur de formation.

Ce texte est empreint de cette volonté, qu'il s'agisse des emplois professeur ou des emplois d'avenir plus classiques, l'article premier prévoyant que « les compétences acquises dans le cadre d'un emploi d'avenir sont reconnues par une attestation de formation, une attestation d'expérience professionnelle ou une validation des acquis de l'expérience ». C'est très positif.

Au-delà, les associations ont insisté sur la nécessité d'une formation de qualité, à la hauteur des enjeux. Point essentiel puisque c'est en priorité aux jeunes sans qualification que s'adresse ce dispositif. Il constitue pour eux l'opportunité, après un ou plusieurs échecs scolaires, d'une première expérience durablement réussie, leur donnant accès à la reconnaissance de compétences, de connaissances, de savoir-faire. Nous ne devons pas minimiser cet aspect.

Il appartiendra au décret d'application de définir les conditions de cette exigence de formation, sur laquelle Thierry Repentin s'est fermement engagé.

Il sera important de réfléchir à un séquençage des phases de formation, alternant périodes d'acquisition et périodes d'évaluation pour aboutir à l'obtention d'une qualification. Il conviendra aussi de déterminer un temps significatif de formation – a minima trois ou quatre heures par semaine. Il sera aussi important d'instituer un système de tutorat, permettant un accompagnement et un contact facilité au sein de l'entreprise.

Enfin, il est primordial que le dispositif de formation soit encore renforcé pour les jeunes de moins de 18 ans. En effet, si cette opportunité peut être exceptionnellement bénéfique pour de très jeunes décrocheurs – pas assez âgés pour intégrer les écoles de la deuxième chance ou refusant catégoriquement de retourner sur les bancs de l'école dans un dispositif d'alternance –, il me semble indispensable de privilégier l'acquisition d'une qualification de base, essentielle pour l'insertion professionnelle et pour le développement de l'individu.

C'est pourquoi je tenais à vous interpeller sur la question des 16-18 ans. Pour eux, l'objectif de formation, même s'il intervient dans le cadre d'un emploi d'avenir, doit demeurer la priorité. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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