Intervention de Pierre Sigonney

Réunion du 17 juillet 2013 à 9h30
Commission des affaires économiques

Pierre Sigonney, chef économiste chez Total :

En deux ou trois ans maximum.

L'exploitation du gaz de schiste est une révolution – qui est totale en Amérique du Nord, que l'on attend en Asie et en Chine, mais aussi en Argentine où Total pense pouvoir développer prochainement une production – en ce qu'elle produit en abondance du gaz naturel qui va devenir la deuxième énergie au niveau mondial, dépassant le charbon. Le gaz naturel sera sans doute le vecteur essentiel de la transition énergétique en favorisant le passage d'énergies fortement émettrices de CO2 vers des énergies faiblement émettrices, sachant que la production électrique à partir du gaz est beaucoup plus efficace qu'avec le charbon et que les émissions de CO2 par kilowattheure produit sont divisées par deux.

La transition énergétique est un processus de très long terme. Il est déjà engagé et requiert à la fois une maturité technologique et une compétitivité économique des nouvelles filières. La durée de vie d'une centrale électrique est de l'ordre de trente à cinquante ans. Arrêter des centrales avant leur fin de vie accroît très fortement les coûts pour les consommateurs et peut peser sur la croissance économique. Une transition énergétique nécessite à la fois du temps, des efforts de recherche et développement, et d'innovation très importants.

Même si la politique européenne en matière énergétique n'est pas toujours un succès, il est très difficile pour la France de gérer une transition énergétique indépendamment des choix retenus au niveau de l'Europe. Les choix faits en France devront préserver la compétitivité de l'industrie française à la fois vis-à-vis de ses concurrents européens mais aussi de ses concurrents extérieurs. Ce point de la compétitivité est particulièrement important pour l'industrie lourde, notamment dans les secteurs du raffinage ou de la chimie.

La transition énergétique doit s'appuyer sur les éléments les plus efficaces et les mieux adaptés. Permettez-moi de parler du pétrole en lien avec l'industrie automobile. Celle-ci s'est montrée très efficace au regard de la consommation automobile, particulièrement en France, où la consommation moyenne est passée de 6,4 litres aux 100 kilomètres en 2000 à 5 litres aux 100 kilomètres en 2011, soit une baisse de 22 % en onze ans. Cela a contribué à faire baisser la demande en pétrole, sur la même période, de 10 % en Europe et de 13 % en France. On peut donc dire que, en matière de pétrole, la transition a déjà commencé en Europe. Pour un groupe comme Total, le pétrole continuera à moyen terme, peut-être même à long terme, d'être le meilleur vecteur pour le transport.

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