Intervention de Michèle Delaunay

Réunion du 28 mai 2013 à 16h00
Mission d'information sur les immigrés âgés

Michèle Delaunay, ministre déléguée chargée des personnes âgées et de l'autonomie :

Le premier point que j'aborderai est celui de la coordination entre les caisses de retraite. Nous travaillons beaucoup sur ce sujet, s'agissant notamment des mesures de prévention destinées aux personnes classées en groupes iso-ressources (GIR) 5 et 6. L'objectif est de dégager un socle commun dont toutes pourraient bénéficier. Force est de constater que ce n'est pas toujours le cas s'agissant des populations migrantes âgées.

Le deuxième est celui des maisons de retraite. Le problème se pose régulièrement mais nous n'avons pas encore trouvé de solution. D'ailleurs, très probablement n'y en a-t-il pas qu'une.

On pourrait installer des maisons de retraite dans les quartiers à forte population migrante. C'est une formule qui me tient à coeur. Vous savez que les personnes migrantes recourent peu aux maisons de retraite, en grande partie par tradition familiale. Mais ces maisons seraient réservées aux personnes dont le maintien à domicile est devenu difficile et ouvertes sur le quartier. Le respect envers les personnes âgées est très important et de telles maisons pourraient avoir un rôle structurant dans les quartiers.

On a évoqué la possibilité de maisons de retraites « communautaires », qui permettraient notamment aux résidents d'échanger dans leur langue d'origine. Nous avons en effet constaté que beaucoup d'immigrés âgés étaient isolés, ne serait-ce que pour des raisons linguistiques. Jusqu'à présent, aucune maison de retraite ne peut véritablement être qualifiée de communautaire. Je vais bientôt en visiter une qui s'en approche. J'aimerais avoir votre avis sur cette question, qui me semble importante.

La question des logements-foyers est également ouverte. Je suis pour ma part décidée à soutenir une telle formule, qui s'adapte bien au contexte.

Je voudrais enfin vous parler d'un sujet n'a pas du tout été abordé : les « carrés musulmans » des cimetières. Dans l'état actuel de la loi, la République n'autorise pas les carrés cultuels dans les cimetières. Mais la loi n'est pas respectée. Rien qu'à Bordeaux, il y a deux « cimetières israélites » et un « cimetière protestant ». Le président de la communauté urbaine de Bordeaux, qui est un de vos collègues, a donc laissé ouverte la possibilité d'installer un « carré musulman ». Cela pourrait satisfaire certains travailleurs migrants qui souhaitent aujourd'hui retourner au pays afin d'y être enterrés selon leurs principes religieux, faute d'espaces confessionnels en nombre suffisant en France. Il n'y a aucune raison que la République écarte une telle perspective. Le moment particulier de la mort et de l'enterrement exige le respect des coutumes. Je serais heureuse d'avoir votre opinion là-dessus.

Monsieur le président, monsieur le rapporteur, je vous remercie de vous être saisis du sujet des migrants âgés, qui nous amène à nous interroger sur notre conception du « vivre ensemble », sur notre façon de respecter les différentes cultures et, tout simplement, l'être humain. Je vous remercie de l'avoir abordé dans cet esprit de consensus. Si des dispositions législatives susceptibles d'améliorer leur situation devaient être prises dans le cadre de la loi que je prépare, j'en serais heureuse. Notre République s'honorerait de les voter à l'unanimité.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion