Intervention de Pierre Lellouche

Réunion du 22 mai 2013 à 16h15
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Lellouche :

Je mesure la difficulté de la tâche de la France au Mali. Je vous prie donc, monsieur le ministre, de ne voir aucun caractère polémique dans mes propos.

Il semble qu'un compromis ait pu être trouvé – de haute lutte – pour que le premier tour de l'élection présidentielle ait lieu le 28 juillet. « Inch'Allah », serais-je tenté de dire. Mais quid du deuxième tour et des législatives ? Avez-vous le sentiment qu'il existe une véritable volonté d'organiser ces élections ? Les partis se mobilisent-ils vraiment ou n'est-ce que pour faire plaisir à la France qu'une date a été avancée ? Telle est mon inquiétude.

Pour ce qui est de la traçabilité et du contrôle de l'aide, l'intention est louable. L'expérience nous a appris qu'entre les sommes promises lors des conférences de donateurs et celles finalement versées, la différence est souvent considérable. Sur les 3,2 milliards d'euros promis, combien, à votre avis, seront octroyés et surtout combien correspondent à des crédits vraiment nouveaux ? Comment l'aide sera-t-elle coordonnée sur le terrain ? On en sait l'extrême difficulté dans les pays où il n'y a plus d'administration opérationnelle, comme on l'a vu en Afghanistan. La fraction arrivant effectivement dans les villages maliens risque d'être quantité négligeable par rapport à tout ce qui se sera perdu dans la multitude des organisations qui interviennent… et dont ne se plaindront pas les experts et les membres des ONG pour leurs per diem.

Permettez-moi d'être sceptique devant votre projet de site internet et de hot line. Pensez-vous vraiment qu'il permettra de s'assurer de l'utilisation de l'aide et que les acteurs feront part de leurs inquiétudes par téléphone portable ? Si d'aventure cela marchait, vous auriez mis en pratique au Mali la démocratie participative dont rêvait Ségolène Royal ! Mais, avec tout le respect que je vous dois, permettez-moi d'en douter. J'aurais préféré qu'on mette en place un dispositif de coordination, piloté par un responsable désigné, et que l'on vérifie ensuite ministère par ministère si les actions prévues ont bien été réalisées.

Je reviens de Doha où l'ancien premier ministre britannique, Gordon Brown, a fait une proposition judicieuse. Il a en effet suggéré aux pays du Golfe de financer une banque d'investissement, dont les fonds seraient affectés à des projets précis. Quelle sera l'attitude du Gouvernement français sur cette proposition ? Cette approche ne serait-elle pas préférable à celle consistant à collecter des dons, qui au final se révèlent peu efficaces ?

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