Intervention de Élisabeth Guigou

Réunion du 10 avril 2013 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉlisabeth Guigou, présidente :

Nous recevons aujourd'hui Mme Bénédicte de Montlaur, sous-directrice d'Afrique du Nord au ministère des affaires étrangères. Tout en vous souhaitant la bienvenue, je vous précise, madame, que pour rendre l'échange plus libre, votre audition n'est pas ouverte à la presse. Vous pourrez donc vous exprimer en toute franchise.

Nous souhaitons faire le point avec vous sur l'état des relations de la France avec le Maroc, l'Algérie et la Tunisie, pays avec lesquels nous avons des liens anciens et actuels particulièrement forts. Notre intérêt à leur égard est tel que notre commission a engagé plusieurs missions d'information. Une première concerne l'Algérie et a pour rapporteur Jean-Pierre Dufau et pour président Axel Poniatowski. Un déplacement dans ce pays a été organisé, auquel ont également participé Françoise Imbert, Philippe Baumel et Jean-Luc Reitzer. Une autre mission, conduite par Jacques Myard, son président, et Jean Glavany, rapporteur, s'intéresse aux révolutions arabes. Cette mission s'est déjà rendue en Égypte et en Tunisie, et doit se rendre prochainement en Libye. Par ailleurs, le Premier ministre a effectué un voyage au Maroc à la mi-décembre et le Président de la République s'est rendu en Algérie le 20 décembre et au Maroc la semaine dernière. J'ai eu la chance d'être associée à ces deux voyages. En plus de partager avec vous les informations et les impressions que nous retenons de nos déplacements, nous serions très intéressés de connaître vos réflexions sur l'état de nos relations avec ces trois États, auxquels j'ajoute la Libye qui fait partie du groupe des cinq.

Nous avons à coeur d'entretenir avec les États du Maghreb des relations apaisées et solides. Peut-être pourriez-vous détailler les relations politiques et économiques, en particulier dans le contexte des deux visites présidentielles. Au cours de ces visites, des accords importants et nombreux ont été signés, et le Président de la République a beaucoup insisté sur la notion de colocalisation sur le plan économique. L'idée est d'adopter, vis-à-vis de ces pays, l'attitude qu'a eue l'Allemagne bien avant nous et depuis longtemps avec les pays d'Europe de l'Est en créant une sorte de zone de protection commune qui puisse bénéficier aux deux parties. Cette colocalisation exige un partenariat plus équilibré, avec des échanges technologiques et des transferts de valeur ajoutée. Au Maroc, a été consacrée par les chefs d'État et de Gouvernement l'idée que la France et le Maroc pourraient se projeter économiquement de manière conjointe vers l'Afrique subsaharienne. C'est une volonté nouvelle au Maroc, qui déploie des moyens très concrets en ce sens. Quelle est votre analyse à ce sujet ? Quant à la visite en Algérie, elle a fait repartir les relations franco-algériennes sur de nouvelles bases et réintroduit plus de confiance entre nos deux pays. En témoigne l'autorisation de survol donnée pour la première fois par l'Algérie à nos avions engagés dans la guerre au Mali.

J'ai évoqué principalement les relations politiques et économiques, mais nous sommes également très intéressés par les relations culturelles, la place du français, la question des flux migratoires. À ce sujet, les conditions de délivrance de visa ont été assouplies pour les étudiants et les professionnels en vue de favoriser la mobilité aller-retour. Quel en est l'impact sur votre action ? En tout cas, j'ai pu constater sur place que cet assouplissement était bien perçu.

Chaque pays a des problématiques qui lui sont propres. Au Maroc, ce sont la fermeture, depuis plusieurs années maintenant, de la frontière entre l'Algérie et le Maroc, et la question du Sahara occidental qui empoisonne les relations entre les deux pays et qui est dans une impasse. J'ai reçu Christopher Ross qui reprend ses tournées et adopte une nouvelle méthode de navette, allant d'un pays à l'autre pour essayer de débloquer les choses. Aux Marocains, il propose d'appliquer concrètement leur plan d'autonomie sans se préoccuper de la phase finale. Sachant que la France soutient une solution dans le cadre des Nations unies, vous nous direz ce que vous en pensez.

En Tunisie, le nouveau gouvernement de M. Larayedh imprimera-t-il un changement dans l'attitude du pays vis-à-vis de la France ? Fera-t-il cesser les accusations d'ingérence qui ont repris ? S'agissant de la révolution, quelle analyse pouvez-vous faire de son évolution, avec les chances et les risques qu'elle porte en elle ?

Voilà déjà beaucoup de questions, et mes collègues en auront beaucoup d'autres encore.

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