Intervention de Jean-Pierre Dufau

Réunion du 24 avril 2013 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Pierre Dufau :

Je voudrais dire en toute amitié à Mme Auroi, à propos de son allusion aux députés du Bundestag, que l'histoire est permanente. Elle a ses réalités, même s'il faut savoir tourner les pages. En l'occurrence, il me semble qu'en termes de nazisme, les rapports étaient plus forts entre l'Allemagne et la Croatie qu'avec la Serbie. Il faut rappeler aux uns et aux autres la vérité historique et ne pas accepter les amalgames, ni se laisser déformer par ce que certains appellent des négationnismes.

Ceci étant, il faut se réjouir du fait que nous partions désormais sur d'autres bases dans ce domaine. Je voudrais féliciter M. Bacquet pour la qualité technique de son rapport, qui a une portée politique indéniable, eu égard à la sensibilité particulière lorsqu'il s'agit de la Serbie et du Kosovo.

Cet accord prend un relief particulier avec le protocole qui vient d'être signé entre la Serbie et le Kosovo, qui démontre que l'on peut malgré tout être optimiste, même si cela prend du temps, dans les démarches qui sont entamées au niveau européen. Cet accord donne l'occasion à Mme Ashton d'avoir un franc succès, ce dont nous nous réjouissons tous. Je déjeunais hier avec M. Bozidar Djelic, ancien premier vice-président de Serbie, actuellement dans la minorité, et président du groupe d'amitié France-Serbie. On arrive à un paradoxe: cet accord va être paraphé par le Président de la République, M. Tomislav Nicolić, qui était le chef du parti nationaliste le plus opposé à la normalisation des rapports avec la Serbie ! Comme quoi, parfois, le réalisme politique l'emporte sur les idéologies, ce qu'il faut voir plutôt de façon optimiste.

L'ensemble des Balkans est concerné par ces accords, bien que ce soient des accords bilatéraux. Comme cela a été souligné par le rapporteur, la réflexion englobe l'ensemble des Balkans et c'est dans ce cadre qu'il faudrait raisonner, notamment à l'échelle européenne.

Dans le cas particulier des minorités et des Roms, il est évident que ce problème ne peut pas être appréhendé seulement dans chaque Etat, au travers d'accords bilatéraux, mais bien dans un cadre de réflexion européen. On nous oppose alors l'impossibilité pour l'Europe d'intervenir globalement. J'ai l'impression que lorsqu'il y a une volonté politique, nous sommes capables de trouver les règles pour apporter des réponses, par exemple à travers l'intégration de ces populations qui vivent dans des conditions lamentables, à travers les aides à l'éducation – car tout commence par-là – pour permettre que ces populations soient éduquées, à travers des aides au travail, etc. On peut certainement, au niveau européen, intervenir indirectement, non pas dans chaque Etat, mais sur l'ensemble de cette région pour régler les problèmes. C'est une question de volonté politique et c'est une suggestion à faire pour parachever la première marche franchie par Mme Ashton.

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