Intervention de Daniel Verwaerde

Réunion du 27 mars 2013 à 11h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Daniel Verwaerde, directeur des applications militaires au Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives, CEA :

Suite à une demande gouvernementale, nous avons proposé le projet Epure-Teutates. Mon homologue britannique et moi-même partagions la même analyse à cet égard : l'arme nucléaire étant au coeur de la souveraineté de chacun des états, il semble compliqué de la partager. La démarche n'est déjà pas aisée dans le domaine conventionnel, chaque concept de défense ayant des conséquences techniques sur la spécification de l'arme elle-même. Il fallait donc prendre le problème autrement. Comme en général, ce n'est pas le deuxième spécimen qui coûte cher à produire dans un armement militaire, mais le premier, car il nécessite de nombreuses études et l'installation de locaux, nous avons eu l'idée de partager des locaux, ce qui permet à chacun d'avoir son programme et de fabriquer sa propre arme nucléaire. Epure est un grand moyen expérimental dans le domaine de la radiographie. Nous n'avons pas à savoir ce que veulent radiographier les Britanniques. En revanche, nous savons que l'achat des machines radio et des écrans représente 95 % du budget total du système radiographique. Il nous a semblé opportun d'en partager le coût. La piste la plus raisonnable pour aller plus loin qu'Epure tout en faisant des économies consiste donc à envisager une utilisation en commun ou successive d'installations. Mais il ne s'agit que de mon avis personnel.

S'agissant des propos d'un représentant syndical n'appartenant pas au CEA, cette personne n'était pas bien informée pour ce qui concerne certains de ses propos tenus sur le CEA ; en outre, ses déclarations sont susceptibles de nuire à la sécurité des agents, c'est pourquoi je m'en suis ému auprès de Mme la présidente.

Je ne suis pas en mesure de vous répondre aujourd'hui en ce qui concerne le graphène, Monsieur Dhuicq. Je vous adresserai donc une réponse écrite.

Le rapprochement avec les armes conventionnelles est en effet une idée que certains avancent. À titre tout à fait personnel, j'estime qu'utiliser le même vecteur pour les armes conventionnelles et les armes nucléaires n'est pas une bonne idée, même pour des raisons d'économie. Les Américains ont eu l'idée, je crois, d'armer certains de leurs missiles Trident de charges conventionnelles. D'une manière générale, une telle démarche génère un risque considérable, car le pays qui verrait arriver sur son territoire un tel missile ne se posera peut-être pas la question de savoir s'il s'agit ou non d'un missile nucléaire. Selon moi, les missiles nucléaires ne doivent emporter qu'une charge nucléaire, afin qu'il n'y ait aucun risque de confusion.

La position prise par l'Armée de l'air en ce qui concerne l'hyper vélocité me semble traduire une volonté d'assurer la crédibilité de la dissuasion sur le long terme. Les industriels de notre pays étant au meilleur niveau mondial dans ce domaine, je présume que l'armée de l'air a pris cette position, moins, à mon avis, pour anticiper un changement de doctrine que pour tirer parti de nos atouts.

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