Intervention de Daniel Verwaerde

Réunion du 27 mars 2013 à 11h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Daniel Verwaerde, directeur des applications militaires au Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives, CEA :

Dans la mesure où nous sommes très spécialisés au sein du CEA, je ne sais pas répondre à votre question, monsieur Boisserie. Je me propose donc de la transmettre à l'administrateur général, M. Bigot, qui sera à même de vous éclairer.

En ce qui concerne les coupes budgétaires, il est trop tôt pour savoir quelles décisions seront prises par le Président de la République, le Premier ministre et le ministre de la Défense dans le cadre de la LPM. Comme pour le Livre blanc, beaucoup d'hypothèses sont étudiées. Certaines sont bien sûr soutenues par l'ingénieur et le Directeur que je suis ; je m'exprime sous la forme d'un plan à moyen et long terme adressé au ministre de la Défense. Je sais que certains scénarios prennent mes demandes en compte, et d'autres moins. Pour l'heure, je suis dans l'attente d'un arbitrage. C'est le Conseil des armements nucléaires et le Conseil de défense qui décideront ce qui est nécessaire et acceptable compte tenu du contexte budgétaire.

Quant à la stricte suffisance, elle relève de l'appréciation du Président de la République. C'est à lui qu'il revient d'apprécier les adversaires potentiels et la manière dont nous devons être armés pour être crédibles. La stricte suffisance varie donc dans le temps. En 1990, nous avions encore de l'ordre de 600 armes ; nous en avons aujourd'hui moins de 300. L'adaptation est permanente. La stricte suffisance s'est traduite par une baisse du nombre d'armes, mais je n'exclus pas que l'on puisse évoluer dans l'autre sens si de nouvelles menaces émergeaient. Je me réjouis bien sûr que nous allions vers un désarmement – à condition que celui-ci soit total. Désarmer dans le seul domaine nucléaire quand d'autres États maintiennent une défense conventionnelle hypertrophiée n'est pas nécessairement bon pour notre sécurité. Ce qui compte, c'est d'aller vers un désarmement total et général. Voyez les décisions prises par M. Poutine : la Russie est en train de remonter dans le domaine nucléaire probablement, parce qu'elle y voit un moyen d'équilibrer des arsenaux conventionnels qu'elle doit juger hypertrophiés.

Je le répète, au même titre que toutes les armes, la dissuasion est une arme diplomatique. Utiliser une arme, c'est déjà avoir un peu perdu. La dissuasion est donc la plus belle arme diplomatique dont dispose le Président de la République – et elle sert tous les jours. L'objectif n'est pas de tuer des gens, mais d'amener un adversaire à devenir raisonnable et à accepter de négocier.

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