Intervention de Daniel Verwaerde

Réunion du 27 mars 2013 à 11h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Daniel Verwaerde, directeur des applications militaires au Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives, CEA :

ITER est une machine destinée à produire de l'énergie par fusion. Il m'est difficile de caractériser dans tous ses détails notre relation avec ce projet. Je puis cependant vous dire que nous avons créé l'équivalent d'un master – à savoir un module d'enseignement commun de haut niveau sur la fusion, commun à ITER et au LMJ. Nous avons donc une démarche d'enseignement commune, avec un tronc commun et des projets spécifiques. Par ailleurs, un certain nombre de technologies qui seront utiles à ITER sont également utilisées pour le LMJ. J'en citerai trois. Tout d'abord, la source d'énergie d'ITER sera du tritium et du deutérium. Le CEA apporte donc sa contribution au projet ITER pour les développements technologiques relatifs au tritium. Ensuite, ITER aura besoin de courants électriques gigantesques pour faire des champs magnétiques qui confineront le plasma. Compte tenu de l'intensité des courants électriques, il faudra se mettre en mode supra-conducteur pour éviter que les courants électriques ne chauffent trop les câbles. La seule manière d'y parvenir est de baisser la température. La cryogénie sera donc utile à ITER. Or les cibles du LMJ sont cryogéniques – elles sont à - 254 degrés. Nous utilisons donc les mêmes techniques, et c'est la même équipe du CEA qui apporte son expertise à ITER et au LMJ. Enfin, nous disposons de spécialistes des chocs, des séismes ou de la lutte contre la prolifération, dont l'expertise est précieuse pour la tenue des bâtiments aux séismes. Lorsqu'il a fallu défendre le projet ITER, les équipes de la DAM ont contribué à démontrer que les séismes étaient moins redoutables en France qu'au Japon. J'ajoute qu'une dizaine d'agents de la DAM sont détachés auprès d'ITER.

La question des composantes de notre dissuasion peut être posée de plusieurs manières. Chacune des deux composantes assure la dissuasion à elle toute seule, tout en ayant ses spécificités. Aucune n'est donc première par rapport à l'autre.

Si l'on s'en tient à aujourd'hui, il faut rappeler que la composante aéroportée vient d'être rénovée. Son coût de fonctionnement est très faible, de l'ordre de quelques dizaines de millions d'euros. Sa suppression ne permettrait donc pas de trouver les milliards qui nous manquent. Dans l'immédiat, on ne gagnerait rien à la supprimer. À très long terme, on peut toujours se poser la question. L'ingénieur que je suis est cependant prudent : il sait que tout système humain peut avoir ses défaillances. Dans cette optique, avoir deux composantes renforce la crédibilité de notre dissuasion. Pour faire simple, il s'agit de ne pas « mettre tous ses oeufs dans le même panier ». Si par malheur un problème survenait sur l'une de nos composantes, l'autre – qui est fondamentalement différente – continuerait de fonctionner.

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