Intervention de Luc Chatel

Séance en hémicycle du 25 avril 2013 à 15h00
Renforcement des droits des patients en fin de vie — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLuc Chatel :

Nous devons à la fois garantir plus d'écoute et de liberté à la personne qui envisage ses derniers instants avec une légitime inquiétude ou angoisse, mais aussi plus de protection de la personne en fin de vie, qui souffre, qui est fragilisée moralement et psychiquement.

Le fond de notre message, c'est : « Penser solidairement la fin de vie ». C'est, du reste, le titre du rapport Sicard. Ces quelques mots contiennent tout. Penser solidairement la fin de vie, c'est ne pas détourner le regard de celui qui souffre, ne pas l'abandonner à la souffrance, ne pas céder à la tentation d'en finir plus vite pour ne pas avoir à affronter l'approche de la mort et toutes les interrogations et les peurs qu'elle soulève.

Penser solidairement la fin de vie, c'est permettre au malade ou à la personne âgée de vivre ses dernières heures dans la paix. À la fin de la vie, ce n'est plus tant la durée qui compte que la qualité des derniers instants. C'est pourquoi nous avons refusé l'acharnement thérapeutique, qui souvent, au motif de prolonger la vie, ne faisait que rajouter de la douleur à la douleur, en prolongeant interminablement des souffrances inutiles.

Au lieu de cela, nous avons mis les soins palliatifs au coeur du message médical. Ces soins palliatifs permettent d'envisager chaque fin de vie comme un cas unique, et de prendre en compte la spécificité de chaque patient. Les professionnels de santé doivent réfléchir ensemble afin d'agir dans le meilleur intérêt du patient et de son entourage, et en respectant sa volonté. Ils sont invités à entourer la personne souffrante, à entendre ses souhaits, et à répondre à sa douleur et à son mal-être.

Le professeur Régis Aubry, lors de son audition, a montré avec force qu'une personne ayant été écoutée et accompagnée selon ses besoins ne demande presque plus jamais à mourir, même si elle l'a fait avant que sa souffrance soit soulagée. Jean Leonetti a rappelé cela. Nous réaffirmons donc, par cette proposition de loi, que la qualité de la fin de vie importe plus que tout.

Pour autant, nous refusons l'euthanasie. Je serai clair sur cette question si importante que nous avons évoquée à plusieurs reprises.

Si nous présentons cette proposition de loi, ce n'est en aucun cas pour ouvrir la porte à l'euthanasie, que nous considérons comme une dérive grave de notre société. C'est au contraire pour réaffirmer les valeurs que nous défendons sur la question difficile et pourtant primordiale de la fin de la vie. En 2005, nous avons donné au corps médical le support d'un texte de loi, pour que les médecins puissent agir avec intelligence, humanité et en s'attachant à chaque personne. Aujourd'hui, nous voulons aller au-delà, dans le même état d'esprit : il s'agit de garantir la dignité de nos proches jusque dans leurs derniers instants, sans jamais les abandonner.

Jean Leonetti rappelait tout à l'heure que beaucoup de pays ont pris la France comme exemple et développé les soins palliatifs. Ces pays sont attentifs à nos décisions en la matière. À nous, mes chers collègues, de montrer que la France place toujours la dignité de l'homme au rang de ses principes fondateurs. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

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