Intervention de Christine Lazerges

Réunion du 3 avril 2013 à 14h00
Délégation de l'assemblée nationale aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes

Christine Lazerges, professeure de droit privé et de sciences criminelles à l'université Paris I Panthéon-Sorbonne, présidente de la Commission nationale consultative des droits de l'Homme, CNCDH :

Selon moi, une jurisprudence n'est pas une assurance et n'exclut pas de préciser les choses dans la loi. Certes, des mutilations sexuelles sont pratiquées sur de jeunes garçons. Néanmoins, si vous n'écrivez pas le mot « mineur » au féminin dans votre texte, nous n'éviterons pas un débat sur la circoncision, d'autant que la Cour constitutionnelle allemande considère cette pratique comme une forme de mutilation.

1 commentaire :

Le 02/03/2015 à 08:59, laïc a dit :

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Ce débat sur la circoncision doit avoir lieu, car le respect de l'intégrité physique de l'individu, et de l'enfant, est une conséquence première de la laïcité. Voici d'ailleurs un article intéressant issu de "Toutes les nouvelles" :

Béatrice Cuzin, urologue-andrologue-sexologue, exerce à la clinique de Saint-Germain-en-Laye aux côtés du docteur Pierre Foldès, spécialisé dans la réparation des dégâts causés par l’excision. Spécialisée dans le domaine des mutilations sexuelles, elle a un avis bien tranché à propos de la circoncision rituelle. Interview

- Êtes-vous favorable à l’interdiction de la circoncision rituelle ?

«Il est important de commencer à y réfléchir. En consultation, j’ai déjà rencontré plusieurs jeunes hommes qui ont perçu la circoncision comme une mutilation. Beaucoup n’en gardent pas un bon souvenir. Ils ont le sentiment d’avoir subi un acte barbare. Le débat doit être ouvert, sans stigmatiser telle ou telle religion.

- Ces circoncisions rituelles sont-elles pratiquées par des médecins ?

La plupart du temps, même si cela est interdit, oui. C’est interdit par la législation et la déontologie médicale. Mais la communauté médicale estime qu’il faut s’en charger sinon ce sera effectué clandestinement au fond d’une cour.

- Dans quel cas un médecin peut-il pratiquer une circoncision ?

Pour des raisons médicales. En cas de phimosis et de paraphimosis, c’est-à-dire que le patient ne peut pas décalotter ou décalotte difficilement. Et encore, ces pathologies n’entraînent pas toujours une circoncision. Elles peuvent être soignées par la prise de médicaments à la cortisone ou par la pratique d’une simple incision au niveau du prépuce.

- En France pratique-t-on davantage de circoncisions rituelles ou médicales ?

La circoncision est la première dépense de la sécurité sociale au niveau de l’urologie. Cela représente environ 2 millions d’euros par an. Sur tous ces actes, il y a largement plus de circoncisions rituelles. Mais cela se fait dans la clandestinité, donc nous ne disposons pas de chiffres officiels.

- Combien coûte une circoncision ?

Le tarif sécurité sociale est fixé à 120 euros. Mais les circoncisions rituelles, pratiquées en clinique la plupart du temps, sont déclarées comme un acte médical. Et donc la sécurité sociale les rembourse.

- On dit aussi que la circoncision est efficace dans la lutte contre les infections sexuellement transmissibles (IST). Est-ce vrai ?

Oui. Elle permet de renforcer la barrière cutanée. En Afrique, où il y a une forte prévalence au VIH, elle s’avère très utile pour diminuer la propagation du sida. Mais en France la situation n’est pas la même.

- L’acte en lui-même présente-t-il des dangers pour la santé ?

J’ai eu connaissance de cas d’accidents de circoncision. Heureusement, cela reste rare. Effectivement, mal pratiquée, cette pratique peut être fatale. Il y a déjà eu aussi des blessures chez les bébés : le gland a été emporté dans l’incision…

- La circoncision a-t-elle aussi un impact sur la sensibilité du pénis ?

Oui, elle provoque une diminution de la sensibilité. Quand elle est pratiquée sur un adulte, elle est souvent plus douloureuse à supporter. Cela met une quinzaine de jours à cicatriser. Et puis, après il faut s’habituer à la sensation de frottement sur le pantalon.

- Quand vous parlez de “mutilation”, vous assimilez la circoncision à l’excision ?

La circoncision et l’excision ne sont pas réalisées dans le même état d’esprit. Sur le pénis, cela reviendrait à enlever le gland et le prépuce. Mais cela reste une mutilation des organes sexuels. Même cet acte n’est pas réalisé pour contrôler le plaisir de l’homme, comme peut l’être l’excision.»

Quant à moi, je rajouterai, en ce qui concerne la circoncison pour éviter le sida, que le sida ne touche pas les enfants, pusiqu'ils ne peuvent pas avoir de relations sexuelles, et que donc circoncire un enfant pour cette cause ne se justifie pas. On ne peut envisager cette circoncison qu'à partir de 14 ou 15 ans, et toujours sur demande expresse du patient. On ne peut forcer personne à être circoncis, c'est cela l'important qu'il faut se mettre en tête, et l'application actuelle de la loi ne permet pas cette assurance alors qu'elle le devrait.

Vous trouvez ce commentaire constructif : non neutre oui

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