Intervention de général Bertrand Ract Madoux

Réunion du 24 juillet 2012 à 16h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

général Bertrand Ract Madoux, chef d'état-major de l'armée de terre :

Le programme FÉLIN, conduit à un rythme soutenu, a permis d'équiper rapidement une part non négligeable de notre infanterie et d'en projeter certaines unités en opérations : tout d'abord le premier régiment d'infanterie de Sarrebourg, puis le 16e bataillon de chasseurs.

L'équipement FÉLIN offre de nouveaux moyens de protection, de tir, de vision nocturne et de communication : grâce à un moyen de communication reposant sur la vibration osseuse dans la boîte crânienne, les troupes peuvent par exemple manoeuvrer en silence, ce qui est très discret et assez impressionnant pour l'adversaire. Cet équipement a aussi porté la distance de tir à 500 mètres, de jour comme de nuit, contre seulement 200 mètres le jour et 100 mètres la nuit, il y a quarante ans, et 300 mètres il y a peu encore ; son système de vision a permis d'améliorer, non seulement la détection de l'adversaire, mais aussi la communication de sa position grâce à un nouveau système d'information qui, comme tout nouveau système est encore perfectible.

Quant à l'équipement de protection balistique, il pèse lourd, quel que soit le matériau utilisé. En Afghanistan, on a atteint certaines limites puisque des soldats portaient jusqu'à 50 kilos sur le dos, par 40 degrés à l'ombre. La préparation sportive et musculaire a d'ailleurs été adaptée en conséquence. Comme nous, les Américains réfléchissent à des solutions plus performantes, en particulier des piles électriques plus légères et plus autonomes, car il faut aujourd'hui porter sur soi des piles de rechange.

Même si le programme FÉLIN est bien né, nous ne cessons de l'adapter au retour d'expérience. Certaines améliorations seront ainsi portées sur les prochaines tranches de livraison. Les derniers régiments seront donc équipés de systèmes FELIN revalorisés.

Peut-être ai-je été un peu pessimiste monsieur Nauche sur l'impact de l'embasement, qui fut sans doute plus fort pour l'armée de terre que pour la marine nationale, dont les trois ports constituaient des bases toutes trouvées, et l'armée de l'air, dont douze des quatorze bases offraient déjà des bases de défense. Pour l'armée de terre, en revanche, c'est un système multiséculaire qui a été bouleversé. J'en veux pour preuve le régiment de Picardie, qui est aussi le plus vieux d'Europe, et qui date de 1479 ! Nous allons donc faire des propositions afin d'améliorer au plan local la cohérence entre le commandement classique « Terre » et le commandement du soutien interarmées, lequel descend de l'état-major des armées jusqu'à la base de défense. Le but est de désigner un responsable unique pour chaque base, ce qui sera également plus lisible pour l'environnement civil.

Il faut cependant faire preuve de patience, la réforme n'étant généralisée que depuis le 1er janvier 2011. De plus, lorsque l'on modifie les périmètres d'organisation, les enveloppes budgétaires ne sont pas forcément ajustées aussitôt ; en l'occurrence, celle qui a été allouée au soutien interarmées semble légèrement insuffisante. Enfin, la révision générale des politiques publiques (RGPP) ayant exercé une pression impitoyable sur les effectifs, les systèmes d'information attendus ne se sont pas tous trouvés au rendez-vous – comme on l'a vu notamment avec la gestion des soldes. Ce n'est donc pas le système, en tant que tel, qui est inadapté, mais l'empilement simultané de différentes réformes, dont vous observerez tout de même que nos soldats les accueillent avec un calme et une patience qui forcent l'admiration. C'est pour cette raison qu'il ne faudrait pas « en rajouter », si vous me passez l'expression.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion