Intervention de Frédéric Reiss

Séance en hémicycle du 11 mars 2013 à 16h00
Refondation de l'école de la république — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrédéric Reiss :

Monsieur le ministre, votre démonstration en réponse à ma question sur ce sujet, ici même le 27 février dernier, ne m'a pas convaincu. Dans une refondation, avez-vous expliqué, il s'agit de bien poser les bases en donnant la priorité au primaire, à la formation des maîtres, au temps scolaire, objectifs qu'au groupe UMP nous ne contestons nullement. Mais, disiez-vous, pas question de poser des portes ou des fenêtres, encore moins un toit, ce sera pour plus tard quand les bases seront solides. Et c'est là que nos conceptions divergent car notre école continue d'avancer, avec des difficultés parfois mais aussi avec des réussites formidables, grâce à des enseignants pleinement engagés dans leur noble mission auprès des élèves.

Une note de janvier 2013 provenant du Centre d'analyse stratégique du Premier ministre démontre que favoriser le bien-être des élèves est une condition de la réussite éducative. Elle précise qu'aujourd'hui neuf jeunes sur dix se sentent bien à l'école, ce qui est plutôt satisfaisant, mais malheureusement insuffisant pour faire baisser significativement le nombre d'élèves en difficulté à l'entrée en sixième.

Le Haut Conseil de l'éducation a observé que 25 % des élèves présentaient des acquis fragiles en fin de primaire et que 15 % vont jusqu'à connaître des difficultés sévères qui « rendent impossible aussi bien un réel parcours scolaire de collège qu'une formation qualifiante ».

On constate qu'un fort déterminisme social pèse dans la réussite des élèves. L'écart se creuse malheureusement entre les élèves très performants et ceux en grande difficulté. Paradoxalement, plus on prône l'égalité des chances, plus on s'enfonce dans un système incapable de corriger des inégalités de départ ! Cela est confirmé par les enquêtes PISA qui testent l'aptitude des élèves à appliquer aux situations de la vie réelle les connaissances acquises à l'école.

Notre école a dépassé depuis belle lurette le stade des hussards noirs de la République qui instruisaient garçons et filles de six à treize ans pour faire disparaître l'« inégalité d'éducation ». Pourtant, à y regarder de près, on constate que notre école continue de fonctionner sur des modèles fort anciens, même si la révolution industrielle et technologique a depuis la IIIe République structuré villes, régions et territoires.

Aujourd'hui, il est de notre devoir d'apporter des réponses qualitatives et organisationnelles plutôt que quantitatives.

La révolution numérique a bouleversé nos modes de pensée et les enfants sont formatés par les technologies de l'information et de la communication, eux qui côtoient quotidiennement le monde de l'image et du virtuel. C'est pourquoi, dans un monde où le superficiel, l'éphémère et l'instantané règnent en maîtres, il était indispensable, voire vital, de revenir aux fondamentaux.

Le socle commun de connaissances et de compétences défini par la loi du 23 avril 2005 a été, de ce point de vue, une révolution copernicienne dans la façon d'enseigner, notamment en mettant l'accent sur les compétences.

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