Intervention de Pierre Lellouche

Séance en hémicycle du 25 juillet 2012 à 15h00
Traité france-afghanistan d'amitié et de coopération — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Lellouche :

Cela étant, je me réjouis au nom de mon groupe de voir un aussi beau consensus se manifester sur ce traité franco-afghan qui a été signé par Nicolas Sarkozy et Hamid Karzaï le 27 janvier dernier à Paris.

C'est ensemble, gauche et droite – Lionel Jospin et Jacques Chirac – que nous sommes entrés en Afghanistan au lendemain de l'attaque du 11 septembre 2001 sur New York et Washington, au nom de la solidarité avec nos alliés et aussi parce que l'Afghanistan était devenue une base arrière du terrorisme mondial d'Al Qaida. Aujourd'hui, c'est ensemble que nous préparons l'avenir de l'Afghanistan en ratifiant ce traité signé par le gouvernement précédent.

Je me permets d'ailleurs de me féliciter des appréciations élogieuses du rapporteur, qui a considéré ce traité comme novateur – ce qu'il est, en effet – et précurseur, en termes de valeur juridique, par rapport aux accords signés avec les États-Unis ou le Royaume-Uni, inspirant même certains de nos partenaires européens. Le traité s'inscrit dans la durée, puisqu'il a été conclu pour une durée de vingt ans, et est ambitieux dans ses objectifs, répartis en neuf secteurs de coopération déjà détaillés précédemment et sur lesquels je ne reviendrai pas.

Ce texte doit nous permettre de trouver les voies et moyens d'aider le peuple afghan à sortir de trente années d'une guerre épouvantable, qui a décimé les élites du pays. Il doit nous permettre d'éviter la catastrophe que constituerait le retour d'Al Qaida à Kaboul – la pire des choses après onze années de sacrifices financiers et humains de l'ensemble de la communauté internationale. Il doit nous permettre, du moins je l'espère, d'endiguer l'explosion du trafic de drogue. Enfin – c'est un volet sur lequel nous devons encore travailler –, il doit nous permettre d'éviter que l'Afghanistan ne redevienne le champ clos de l'affrontement entre l'Inde et le Pakistan.

Je me suis rendu de nombreuses fois en Afghanistan en tant que président de l'assemblée parlementaire de l'OTAN, en tant que parlementaire en mission d'information après l'attentat d'Uzbin – aux côtés de François Lamy, aujourd'hui membre du Gouvernement – ou encore en tant que premier représentant spécial de la France en Afghanistan. Connaissant bien ce pays, je m'étonne de l'analyse elliptique – pour ne pas dire biaisée ou amnésique – livrée par certains membres de l'actuel gouvernement sur l'action de ceux qui les ont précédés. Je ne comprends pas comment on peut se rallier à ce traité, le présenter comme une bonne chose, quand on a constamment critiqué lors des dix dernières années la politique qu'il sous-tend, en particulier lors des cinq dernières années l'action de Nicolas Sarkozy et de son gouvernement en Afghanistan.

Je parlais d'analyse elliptique : à entendre en effet M. Vauzelle et M. Fabius, on a l'impression qu'entre deux périodes de lumières, celles de M. Jospin et de M. Hollande, on a traversé une période de ténèbres, celle de Nicolas Sarkozy qui, sous une soudaine impulsion, aurait décidé d'envoyer à nouveau des soldats français en Afghanistan en 2008, alors même que ses prédécesseurs – notamment M. Chirac et M. Jospin – étaient très réticents sur ce point. En réalité, que s'est-il passé entre 2003 et 2008, mes chers collègues ? Après la guerre en Irak et le départ des Américains d'Afghanistan, il y a eu un vide stratégique dans ce pays, qui a permis aux talibans de rétablir leurs forces. En 2008, la communauté internationale a ainsi dû faire face à un risque, celui de voir le gouvernement Karzai renversé par une rébellion reconstituée. D'où le sommet de Bucarest, qui a effectivement conduit la France à reprendre pied dans des zones stratégiques qui verrouillaient Kaboul, à savoir le district de Surobi et la province de Kapisa, et à engager nos forces, y compris aériennes, à Kandahar.

Pour avoir été présent de nombreuses fois avec nos soldats sur le terrain, je veux dire à quel point ces hommes ont rempli des missions extrêmement difficiles. L'Afghanistan, c'est vingt-cinq fois plus difficile et plus violent que la guerre d'Algérie ! À cet égard, nos soldats ont fait preuve de qualités extraordinaires…

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