Intervention de Jean-Yves le Drian

Réunion du 23 octobre 2014 à 9h10
Commission élargie : finances - défense nationale - affaires étrangères

Jean-Yves le Drian, ministre de la défense :

Tout à fait. Je n'ai aucune réserve à vous la transmettre, monsieur Fromion : tout doit être transparent.

Le maintien en condition et d'entretien programmé des matériels tout comme les conditions de vie et de travail dans les bases de défense participent de la priorité qu'est la préparation opérationnelle globale.

En ce qui concerne la recherche et le développement, je rappelle que, dans la continuité des années 2013 et 2014, 3,6 milliards d'euros y seront consacrés en 2015. J'ai souhaité que les crédits destinés aux études menées en amont – 750 millions d'euros –, dont les effets ne se feront sentir que dans dix ans, soient reconduits. Ces études sont essentielles pour le maintien du niveau d'excellence de la France. Si l'on rogne sur ces crédits, nous ne serons plus à la hauteur.

M. Le Déaut a fait référence à deux sujets très concrets : les drones et le bioterrorisme – menace ancienne mentionnée d'ailleurs dans le Livre blanc précédent avec une menace nouvelle, le cyber-terrorisme. Nous affectons 15 millions d'euros par an aux études amont consacrées au bioterrorisme, en particulier dans le laboratoire biologique confiné P4 sur le site de Vert-le-Petit, pour nous assurer de notre bon niveau d'expertise en une matière où sommes parmi les meilleurs au monde. J'invite les membres de la commission de la défense à visiter ce site exceptionnel.

J'en viens aux drones et en particulier aux drones Reaper : nous disposons de deux machines à Niamey, en attendant l'affectation d'une troisième – je suis allé aux États-Unis pour m'assurer de sa livraison. En 2015, nous commanderons un autre système – la LPM prévoit l'utilisation de 12 drones et je tiens le tempo –, qui a vocation à être « francisé » puisqu'ils ne seront pas appelés à servir sur le territoire africain. Puisque nous jouissons d'une autonomie européenne et bénéficions d'un savoir-faire français, je fais de l'acquisition de ce dispositif une priorité majeure.

Nous avons engagé, pour la génération de drones qui suivra le Reaper, à l'horizon 2025, des discussions avec les Allemands et avec les Italiens qui devraient se terminer au moment du Conseil européen de juin 2015. Nous avons décidé de cette orientation au Conseil européen de décembre 2013, le premier depuis cinq ans à s'être préoccupé de questions de défense. L'Agence européenne de défense a été mandatée pour mener à bien les études, en particulier sur l'intégration des drones dans le ciel européen. Ma détermination est entière sur le sujet. Après le vaste débat public qui s'est instauré en Allemagne autour du drone Euro Hawk notamment, nous allons mettre en place une coopération active dans le domaine des drones d'observation : cela nous permettra de disposer de drones de nouvelle génération, ce qui paraît indispensable.

J'en viens aux drones de combat. Le nEUROn deviendra peut-être un outil de combat à l'avenir. J'ai signé un accord avec mon collègue britannique pour engager un programme de Système de combat aérien du futur (FCAS) : cette coopération avec les Britanniques est sans précédent. La première phase de ce projet est en cours ; il devrait se dérouler jusqu'en 2030.

Conformément à la LPM, le renouvellement des drones tactiques – également tout à fait indispensables – est engagé, et la compétition en cours : je ne ferai donc aucun commentaire sur ce sujet.

Monsieur Bridey, en 2015, la loi de programmation militaire sera intégralement respectée dans le domaine des équipements de l'armée de terre. La masse budgétaire affectée aux équipements nouveaux est plus importante en 2015 qu'en 2014.

Les derniers VBCI (véhicules blindés de combat d'infanterie) seront livrés en 2015. En ce qui concerne les hélicoptères, quatre Tigre, quatre NH90 et cinq Cougar rénovés seront affectés. Je souligne la montée en puissance du porteur polyvalent terrestre (PPT), qui remplace des appareils très anciens : vingt-cinq véhicules supplémentaires seront livrés cette année.

J'engagerai dans les jours qui viennent le programme SCORPION, ce qu'il n'a pas été possible de faire plus tôt pour des raisons techniques. Le processus de renouvellement des matériels blindés de l'armée de terre – les VBMR (véhicules blindés multirôles) qui remplacent les VAB (véhicule de l'avant blindé), les EBRC (engins blindés de reconnaissance et de combat) qui remplacent les AMX 10RC – commence.

La modernisation des VAB se poursuit, malgré leur grand âge, pour les maintenir à un niveau suffisant jusqu'à l'arrivée des VBMR – la livraison d'un millier de ces véhicules étant prévue dans la période de la LPM. L'armée de terre sera ainsi fortement modernisée.

Monsieur Rouillard, cinq bâtiments seront effectivement désarmés ; les vedettes Athos et Aramis, qui armaient la base navale d'Anglet, seront affectées à la gendarmerie nationale – dont une au moins très certainement dans une ville qui vous est chère. Le Siroco peut être revendu, puisque son potentiel opérationnel est intéressant. Nous étudions l'affectation des autres bateaux.

La mise à disposition de l'Adroit a été étendue. Il faut prêter une grande attention à ce patrouilleur, car c'est une bonne vitrine à l'exportation : ce modèle, qui se situe en dessous des FREMM sur le plan du coût et de la technologie, intéresse aujourd'hui une dizaine de pays.

Vous m'interrogez également sur la déflation des effectifs dans la marine. Vous avez évoqué la suppression de la base d'Anglet et du commandement maritime de Strasbourg, mais la déflation touchera l'ensemble des ports. Cela étant, les effectifs de la marine étant inférieurs à ceux des autres armées, et ses efforts antérieurs ayant déjà été significatifs, elle est moins touchée, à hauteur de 660 emplois en 2015.

L'ensemble de la loi de programmation militaire est respecté pour la marine nationale, qu'il s'agisse de la livraison des Rafale Marine ou de la livraison en 2015 de la troisième FREMM, équipée, pour la première fois, de son lot de missiles de croisière navals (MdCN).

Monsieur Guilloteau, pour ce qui concerne Cognac, j'ai tranché le débat : ce sera 2017, avec une obligation de résultat.

Vous m'interrogez sur les forces spéciales. Je vous confirme que l'escadron « Pyrénées », basé à Cazaux, sera placé sous les ordres du Commandement des opérations spéciales (COS). Nous ferons le point dans dix-huit mois.

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