Intervention de vice-amiral Christophe Prazuck

Réunion du 5 avril 2016 à 16h15
Mission d'évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale

vice-amiral Christophe Prazuck, directeur du personnel militaire de la Marine :

Je voudrais d'abord préciser que ce qui fonde la légitimité de l'encadrement supérieur de la marine, c'est le parcours opérationnel réalisé au cours de la carrière. Nous ne faisons pas de recrutement « latéral », comme pourrait le faire une entreprise, pour un poste de commandement d'un porte-avions ou d'un sous-marin nucléaire. Nous n'estimons pas non plus que la seule réussite à un concours, à 18 ou 20 ans, suffise à fonder l'accès aux plus hautes responsabilités. Les 200 officiers de marine recrutés chaque année se partagent entre une centaine d'officiers spécialisés dans des cursus très techniques et une centaine officiers généralistes. C'est dans ce vivier de généralistes que vont être distingués les futurs responsables. Environ 35 d'entre eux réussiront le concours de l'école de guerre, qui est le jalon marquant entre une carrière purement opérationnelle et une carrière ouverte vers les plus hauts postes de commandement ; une trentaine d'officiers deviendront ensuite capitaines de vaisseau, moins d'une dizaine officiers généraux ; et parmi ces derniers, deux officiers chaque année accéderont à des postes de direction générale dans la marine.

Deux particularités distinguent donc, à mon sens, la politique des relations humaines de la marine au sein de la fonction publique : la légitimité acquise par le parcours opérationnel suivi pendant les quinze premières années de la carrière, suivi par une alternance entre postes opérationnels et en administration centrale pour les officiers ayant réussi l'école de guerre. Autre caractéristique, la variété des postes dans l'état-major. Notamment, les amiraux postés en province ont en plus de leur responsabilité opérationnelle, des responsabilités de management dans des postes extrêmement divers, d'une façon peut-être assez proche du management des relations humaines en entreprise.

À côté du passage par l'école de guerre, l'évaluation annuelle est également très importante pour détecter les officiers à potentiel ? Chaque commandant note annuellement ses subordonnés en son âme et conscience et de façon indépendante d'une année sur l'autre, c'est-à-dire sans tenir compte des années antérieures. Nous consolidons ensuite l'ensemble de ces notations au cours de la réunion annuelle du collège de classement des officiers qui permet d'effectuer une comparaison des notations pour des postes occupés très différents. Le classement annuel résulte d'une appréciation hiérarchique opérée dans un cadre uniquement militaire. Nous avons donc souhaité croiser ces évaluations avec le regard extérieur de psychologues du travail appartenant à la marine ou de sociétés extérieures grâce à des évaluations à 360 degrés et des mises en situation.

Que fait-on des personnels qui ne sont pas sélectionnés dans ce parcours de responsabilités, dans un corps ou la moyenne d'âge est de 30 ans tous grades confondus et de 28 ans sur les bateaux, du matelot à l'amiral ? Si la carrière d'un officier n'est pas vouée à évoluer vers plus de responsabilité, je dois, soit orienter ces personnels vers une seconde carrière, soit lui offrir des responsabilités asymptotiques dans la marine mobilisant des compétences techniques croissantes. C'est dans ce sens que des progrès pourraient être encore effectués.

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