Intervention de Serge Grouard

Réunion du 19 mai 2016 à 11h00
Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSerge Grouard :

Les 3 600 personnes que vous suivez sont-elles signalées ou suivies ? On a entendu un chiffre global de 10 000 personnes radicalisées. Qui suit les autres et comment s'opère la répartition entre les services ? Parmi ces 3 600 individus, vous avez affirmé que 700 à 800 étaient potentiellement dangereuses. La police renforce-t-elle vos effectifs pour assurer leur suivi ? Celui-ci est-il physiquement permanent ? Élaborez-vous un compte rendu permanent de la surveillance de ces personnes ?

Je rejoins les propos de M. Meyer Habib : face à cette menace, nouvelle et massive, on s'adapte et vous faites le maximum avec les moyens qui vous sont alloués. Ainsi, on se rassure, mais je me demande si on ne se leurre pas. On n'arrivera pas à ficher et à suivre toutes les personnes potentiellement dangereuses, et la commission doit réfléchir aux réponses à apporter à ce défi. Ces chiffres m'inquiètent, car il n'a pas fallu beaucoup de monde pour organiser la tuerie du Bataclan : combien de Bataclan se cachent dans cette population radicalisée ?

Lorsque vous avez évoqué les relations que vous tissez localement pour remplir votre mission, vous n'avez pas parlé du maire. J'ai été maire d'Orléans pendant quinze ans et jusque récemment : je connais ces problèmes et la situation des quartiers difficiles. Certaines villes ont mis en place des systèmes de prévention et de médiation comme les conseils locaux de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD) et les groupes locaux de traitement de la délinquance (GLTD) qui permettent d'aller au-delà des contacts, car le point fondamental réside dans le suivi. Les CLSPD, qui réunissent la police, les services du maire, les services sociaux et l'Éducation nationale, assurent un suivi permanent lorsqu'ils fonctionnent, ce qui n'est pas le cas partout dans le pays. Monsieur le directeur, êtes-vous d'accord avec moi pour reconnaître qu'un chaînon manque localement ? En effet, votre service ne fait hélas pas partie de cette structuration locale – ou indirectement par la voix du directeur départemental de la sécurité publique.

Monsieur le directeur, avez-vous des signaux non pas faibles, mais forts ?

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