Intervention de Virginie Duby-Muller

Réunion du 8 février 2017 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaVirginie Duby-Muller :

L'éducation artistique et culturelle est un axe capital du développement scolaire au service des apprentissages et de la réduction des inégalités sociales, points sur lesquels nous ne saurions transiger.

Je m'interroge sur son développement dans nos territoires, constatant les grandes difficultés auxquelles sont confrontées nos collectivités, du fait d'une baisse importante de leur budget. On peut craindre un accroissement des inégalités en matière d'accès à la culture puisque nombre de communes sont incapables de proposer aux enfants des activités de bon niveau, tandis que d'autres utilisent toute la palette de l'offre culturelle dont elles disposent.

Sur le terrain, de nombreux élus m'ont exposé cette situation de fait, non que les communes soient opposées à développer l'éducation artistique et culturelle, mais certaines n'ont pas les moyens suffisants pour proposer des dispositifs de qualité. Bâtir des budgets équilibrés tout en protégeant les dépenses d'intervention, dont celles destinées à la culture, est un véritable casse-tête. Certaines villes annoncent que le périscolaire, souvent dédié à l'éducation artistique et culturelle, va devenir payant. Quelle est votre position sur cette question ?

Par ailleurs, le déploiement de l'éducation artistique et culturelle repose sur la construction du parcours d'éducation artistique et culturel, dont l'institution scolaire est le pivot. Sa réussite passe par la formation des acteurs et la promotion de la place des animateurs et de l'action en région. Pouvez-vous nous en dire plus sur la formation et les recrutements, s'agissant notamment de leur répartition territoriale ?

Je souhaite maintenant vous interroger sur la mission de l'EAC au sein des zones d'éducation prioritaire. Le rapport de septembre 2016 du Conseil national d'évaluation du système scolaire (CNESCO) sur l'éducation prioritaire reprend, pour les années 2014 et 2015, les conclusions de nombreux spécialistes, sociologues, économistes, didacticiens et psychologues français et étrangers, concernant l'égalité des chances dans notre système éducatif. Les travaux du CNESCO détaillent une longue chaîne de processus inégalitaires qui se cumulent et se renforcent à chaque étape de la scolarité : inégalités en termes de traitement, de résultats, d'orientation, de diplômes et même d'insertion professionnelle. Limités à l'école primaire, les clivages explosent à partir du collège. L'éducation prioritaire aboutit aujourd'hui à produire de la discrimination négative : on donne moins à ceux qui ont moins.

Face à ce bilan très négatif, comment inscrire l'éducation artistique et culturelle dans une démarche vertueuse pour les établissements de l'éducation prioritaire ? Comment en accentuer les moyens ? Comment l'intégrer, notamment dans la future réforme des lycées de ZEP, aux contours très flous pour le moment ? Davantage d'éducation artistique et culturelle figure d'ailleurs dans les demandes des collectifs « Touche pas à ma ZEP » actuellement mobilisés.

Je souhaite enfin vous interroger sur l'articulation des actions respectives du ministère de la Culture et du ministère de l'Éducation nationale dont l'objectif est de rendre efficace et effective l'éducation artistique et culturelle.

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