Intervention de Marie-José Navarre

Réunion du 8 février 2017 à 9h45
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Marie-José Navarre, directrice générale adjointe de Lohr :

Le groupe Lohr est une entreprise familiale alsacienne. L'une de ces entreprises de taille intermédiaire (ETI), championnes de l'économie, qui ont su rebondir après la crise de 2008, créer de nouveaux produits et embaucher – depuis la crise, nous avons réembauché un peu plus de six cents personnes pour atteindre un total de deux mille salariés.

Environ 80 % de notre production s'effectue en Alsace. Elle est exportée à plus de 80 %. Notre actionnariat familial, toujours soucieux des développements à moyen et à long terme de l'entreprise, n'a pas hésité, malgré les moments difficiles que nous avons traversés, à continuer dans la voie de l'innovation. Lohr investit plus de 10 % de ses profits dans la recherche d'innovation continue ou de rupture. Parmi les innovations de rupture, il faut citer le ferroutage, introduit dans notre groupe il y a une vingtaine d'années, et Cristal.

La France est encore un pays industriel. Notre site de Duppigheim, qui emploie de très nombreux salariés, comporte 70 000 mètres carrés de bâtiments répartis sur 65 hectares. Pour créer des nouveaux objets de transport, nous avons besoin de soudeurs, de chaudronniers et de spécialistes d'une chaîne qui va des métiers de la robotique ou de la mécatronique au digital.

Depuis cinquante ans, nous nous sommes battus pour être présents dans le monde entier, avec notre produit de base : le camion porte-autos. Depuis cette époque nous nous préoccupons donc aussi de performance environnementale puisque nous cherchons toujours à embarquer davantage de voitures sur un véhicule.

Notre idée simple du ferroutage, née dans notre groupe en même temps que chez notre concurrent allemand CargoBeamer, consiste à ne pas demander aux transporteurs routiers de s'adapter. Le semi-remorque n'a plus besoin d'être soulevé et préhensible par pinces : un pont entre deux portions de rail permet de le transporter. Les performances enregistrées sur les trois lignes exploitées depuis quelques années montrent que le fait de faire parcourir 1 000 kilomètres à un camion par le rail évite l'émission d'une tonne de CO2, et permet un gain de 1 000 euros d'externalités négatives. Si la donnée relative aux émissions de CO2 est certifiée par l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME), il n'y a en revanche pas de consensus sur les externalités négatives qui prennent en compte la pollution sonore, la congestion routière, l'accidentologie… J'appelle votre attention sur le fait que nous sommes extrêmement courtisés par les Chinois qui s'intéressent à cette technologie. Depuis 2013, la Chine a réinventé les trains transeurasiens entre l'Asie et l'Europe, alors que l'on disait la chose impossible. Malheureusement ces trains s'arrêtent en Allemagne et en Pologne avant d'arriver en France. Nous nous battons courageusement pour pouvoir nous déployer et survivre, sachant qu'il est très difficile d'organiser des joint-ventures en Chine.

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