Intervention de Joël Giraud

Séance en hémicycle du 10 janvier 2017 à 21h30
Questions sur l 'avenir du nucléaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJoël Giraud :

Volontiers, madame la présidente.

Monsieur le secrétaire d’État, le groupe de l’Union des démocrates et indépendants a pris l’habitude de proposer des débats et des séances de questions sur l’énergie et le nucléaire, et je les en remercie, car le sujet est stratégique, et les dernières actualités peuvent inquiéter.

Nous n’oublions pas que, pour réussir le Grenelle de l’environnement, il avait été décidé de ne pas évoquer le sujet du renouvellement du parc nucléaire. Ce sera l’objet de ma première question, que je poserai sans parti pris et sans prétention d’expertise scientifique.

Le sujet semble d’une infinie complexité, et l’une des principales difficultés reste l’évaluation des coûts. Le fameux grand carénage, dont le coût était initialement chiffré à 55 milliards d’euros par EDF, a été réévalué par la Cour des comptes à 100 milliards d’euros. Et cette dernière enveloppe n’inclurait pas certains travaux supplémentaires exigés par l’Autorité de sûreté nucléaire. Pour autant, certains de nos plus grands spécialistes en France prétendent que la Cour surestime le coût de ce grand carénage, qu’ils chiffrent quant à eux aux alentours de 60 milliards d’euros.

Dans ce débat parfois un peu trop passionnel où chacun avance des chiffres très différents, il me semble que nous avons d’abord besoin de raison, d’une boussole scientifique afin de pouvoir faire des choix politiques les plus rationnels possible. Toutes les évaluations financières préalables réalisées jusqu’à aujourd’hui sur les installations nucléaires se sont révélées fausses et largement sous-estimées au final. L’exemple du projet Cigéo est parlant : sans entrer dans le débat sur le stockage, force est de constater que nous ne sommes pas en mesure d’en donner une évaluation crédible. Et je ne parlerai pas des EPR de Hinkley Point ou des provisions pour les futurs démantèlements nécessaires.

Il me semble donc que nous manquons d’un outil permettant une évaluation fine et fiable des coûts, monsieur le secrétaire d’État. Est-ce à mettre sur le compte du nombre trop important d’inconnues dans l’équation ? Ce n’est pas impossible. Il y a cependant peut-être d’autres raisons, politiques et financières, qui entravent une estimation et un chiffrage plus sincères. Ma question sera simple : afin d’effectuer des choix en connaissance de cause et de tempérer les débats idéologiques, que pourrait faire le Gouvernement pour limiter les marges d’erreurs dans les évaluations financières sur le sujet du nucléaire ?

Ma seconde question porte sur le mix énergétique, dont la diversification a été engagée dans la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte.

Le développement des énergies renouvelables, conjugué aux efforts pour la maîtrise de la dépense en énergie, est censé engager la France vers des objectifs ambitieux que nous avons fixés dans la loi : un mix électrique comprenant 50 % de nucléaire à l’horizon 2025 et 40 % d’énergies renouvelables en 2030. 2025 et 2030, c’est un horizon à la fois proche, pour une industrie qui se pilote comme un paquebot et où les virages sont nécessairement très lents, et lointain, qui ne nous engage pas réellement.

Pour surmonter cette contradiction, le groupe radical, républicain, démocrate et progressiste, notamment votre serviteur, avait proposé et défendu des amendements visant à inscrire dans la loi des paliers intermédiaires afin de donner plus de crédibilité à ces objectifs de moyen et long termes. En effet, une fois ces objectifs fixés dans la loi, la question essentielle devient celle de la pente que devrait suivre la courbe pour les atteindre. Bien que n’ayant pas réussi à convaincre une majorité de députés de voter ces amendements, nous restons convaincus qu’il nous faut tenir un discours clair et crédible à nos concitoyens. Nous sommes quasiment unanimes pour faire de la transition énergétique une priorité, mais nous devons aussi nous garder d’opposer vainement les différentes énergies.

Selon le bilan de RTE – Réseau de transport d’électricité –, le parc nucléaire a produit 77 % de la production d’énergie totale en 2015. À ce stade, les objectifs fixés dans la loi semblent des sommets lointains et, vu notre allure, il paraît peu probable que nous les atteignions en temps et en heure. Monsieur le secrétaire d’État, pouvez-vous nous donner des précisions sur les objectifs intermédiaires pour parvenir au mix énergétique équilibré voté pour 2025 et 2030 ? Pouvez-vous par ailleurs nous indiquer dans quelle mesure les économies d’énergie nous donnerons les moyens d’accélérer le pas sur ce chemin, que le président du Conseil national de la montagne que je suis trouve aujourd’hui bien étroit avec une pente un peu raide ?

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