Intervention de Hervé Féron

Réunion du 6 décembre 2016 à 16h15
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHervé Féron :

Madame la rapporteure, je tiens à vous remercier pour la qualité de ce rapport auquel vous avez su donner une tonalité résolument sociale et progressiste, en ne perdant jamais de vue l'intérêt des étudiants, qui constituent la première raison d'être de cette réforme.

Nous ne pouvons plus accepter le fait que près de la moitié des masters proposés dans les universités profitent du manque de précision de la loi pour mettre en place une sélection à la fin de la première année de master, avec pour conséquence le redoublement de plus d'un tiers des étudiants cette même année.

J'ai trouvé particulièrement pertinente votre analyse de la sélection par l'opacité pratiquée par les universités, qui favorisent indirectement les étudiants issus de familles à fort capital culturel, se rendant ainsi coupables de pratiques socialement discriminatoires incompatibles avec l'idéal méritocratique vers lequel notre système doit tendre. Aussi, je partage votre constat, qui était aussi celui de notre collègue Emeric Bréhier dans le rapport d'information que vous avez cité, sur l'importance des moyens humains pour aider les étudiants à construire leur projet professionnel. Cette dimension fait encore trop défaut au lycée, mais aussi à l'université. La mise en place du tutorat d'orientation imaginé par notre collègue répondait parfaitement à cet objectif.

Vous évoquez par ailleurs le fait que le manque de lisibilité des études supérieures en France provoque un déficit d'attractivité de nos universités à l'international. Je signale à ce sujet les excellents résultats d'une école comme l'INSEAD, école de commerce classée première du palmarès mondial des maîtrises en administration des affaires – MBA – en 2015. Si cette école tire son épingle du jeu, elle reste une exception parmi les universités françaises.

Cette réforme ira dans le sens d'un rééquilibrage de la situation, et c'est une raison supplémentaire pour la soutenir.

Pensez-vous que le fait de remettre les étudiants d'université sur un pied d'égalité avec ceux des grandes écoles, en leur donnant des gages de sécurité sur l'obtention de leur diplôme de master, puisse aider les grandes écoles à se départir de leur image souvent élitiste et socialement discriminatoire ?

Le projet du Gouvernement de créer un portail en ligne sur l'orientation post-licence est une bonne initiative, mais il ne faut pas reproduire les mêmes erreurs qu'avec le site APB, dont les dysfonctionnements sont régulièrement pointés et pénalisent un certain nombre de futurs étudiants. Il ne faudrait pas que cet outil se retourne contre les titulaires de licence, et la représentation nationale y sera très vigilante.

Enfin, je suis totalement d'accord avec vous sur la nécessité de mener le chantier de la professionnalisation des licences, diplômes qui ne permettent quasiment plus de trouver un travail qualifié aujourd'hui. Je prends pour exemple le système des concours de la fonction publique, dont la catégorie A est censée être ouverte aux titulaires de licence : du fait de leur degré de difficulté et de sélectivité, ils s'adressent en réalité aux détenteurs de masters, voire plus. Les dés sont un peu pipés. Il convient donc de redonner un vrai sens à la licence pour permettre aux jeunes qui ne veulent pas poursuivre leurs études de trouver un travail correctement rémunéré, trois années après le bac.

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