Intervention de Rudy Salles

Réunion du 7 novembre 2016 à 16h00
Commission élargie : finances - affaires étrangères - affaires culturelles - affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRudy Salles, rapporteur pour avis de la commission des affaires culturelles et de l'éducation pour le programme « Diplomatie culturelle et d'influence » :

M'exprimant cette fois au nom du groupe de l'Union des démocrates et indépendants, j'aimerais en revenir un instant au secteur touristique.

Je vous remercie, monsieur le ministre, d'avoir associé les collectivités territoriales, en particulier les régions et les métropoles, à la semaine des ambassadeurs, qui a permis des échanges très utiles. Je vous sais également gré des réunions du comité d'urgence que vous avez présidées au Quai d'Orsay – de véritables réunions de travail portant sur le fond et auxquelles ont participé les deux régions principalement touchées par les attentats, l'Île-de-France et Provence-Alpes-Côte d'Azur.

Vous avez eu raison d'insister sur l'après-attentats, sur la résilience des professionnels et sur leurs efforts pour rendre la région PACA à nouveau attractive. Les conséquences des attentats y ont d'ailleurs été moindres, même à Nice, qu'à Paris, grâce à la mobilisation générale des acteurs pour limiter la casse. La diminution de la fréquentation est de l'ordre de 10 %, alors que celle du chiffre d'affaires atteint malheureusement 20 à 25 % : c'est un vrai trou d'air que nous devons tous nous atteler à résorber.

Vous avez également eu raison de le rappeler, la baisse de régime que connaît notre pays dans le secteur du tourisme ne résulte pas seulement des attentats, mais aussi du climat social, de l'ensemble des événements survenus depuis un an et demi qui ont envoyé au monde entier des images de guérilla urbaine. La clientèle asiatique, en particulier chinoise, a été touchée par des agressions de touristes à Paris qui ont donné lieu dans la presse chinoise à de nombreux articles hostiles à notre pays.

J'aimerais également remercier à travers vous les postes consulaires et les ambassades qui se rendent disponibles chaque fois que les collectivités territoriales organisent des opérations de promotion à l'étranger, et qui font tout ce qui est en leur pouvoir pour contribuer à leur efficacité.

Atout France est un organisme essentiel à la promotion de la France à l'étranger. Dans ce domaine, vous avez multiplié les crédits, débloquant une enveloppe de 10 millions d'euros : c'est bien, mais ce ne sera pas suffisant. On le voit bien lors des opérations de promotion et des salons professionnels à l'étranger : nous sommes très en retrait par rapport à nos principaux concurrents – le Royaume-Uni, l'Italie, l'Espagne. Alors que nous avons le meilleur produit à vendre, c'est nous qui avons le moins de moyens pour le présenter. Il va falloir remédier à ce manque.

L'éventuel changement de nom d'Atout France, déjà évoqué, n'a rien d'anecdotique. Votre parallèle avec la manière dont Business France a remplacé Ubifrance et l'AFII était justifié. Ce changement était bienvenu : on se demande si ubi, et à plus forte raison l'AFII, disait quelque chose à qui que ce soit... Je doute que les Français eux-mêmes aient su de quoi il s'agissait ; à l'étranger, en tout cas, ces noms ne parlaient à personne. De même, si « atout » est un mot français que tous les Français peuvent comprendre, il ne signifie strictement rien à l'étranger. En revanche, « France Tourisme » serait clair pour tous : « France » est une marque et « tourisme » se comprend dans toutes les langues. Un nom porteur, cela facilite les choses. D'ailleurs, tous les directeurs d'Atout France nous le disent : ils évitent d'employer le nom officiel, préférant parler tout simplement de « la France ».

Les collectivités territoriales, notamment celles qui ont été touchées par des attentats terroristes, font de très gros efforts en matière de promotion, qu'il s'agisse des comités régionaux du tourisme (CRT), des départements, des régions ou des métropoles. Nous attendons vraiment de l'État qu'il nous accompagne encore davantage, car la situation que nous vivons est absolument dramatique du point de vue économique, bien sûr, mais aussi social.

Un mot enfin sur les locations saisonnières. La loi pour l'accès au logement et un urbanisme rénové (ALUR) les a interdites dans les villes de plus de 200 000 habitants à moins que la municipalité ne les autorise, dans le but de remettre sur le marché locatif des appartements loués de manière saisonnière. On peut comprendre cette philosophie même si on ne la partage pas. Mais, à Paris, cette disposition a abouti à une interdiction, à moins de payer très cher – 2 000 ou 3 000 euros le mètre carré – le changement de destination de l'appartement. Cela place la capitale dans une situation très particulière. L'économie collaborative se développe beaucoup, mais ce marché parallèle échappe à toute fiscalité. Nous avons autorisé cette pratique à Nice et nous essayons de la réglementer avec les professionnels : nous en avons déjà discuté avec Airbnb et nous travaillons maintenant avec HomeAway. Il convient d'étudier la question de très près, car, à Paris, ce secteur concurrence très fortement l'hôtellerie traditionnelle qui, elle, s'acquitte de ses charges et impôts.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion