Intervention de Jean-Marc Ayrault

Réunion du 7 novembre 2016 à 16h00
Commission élargie : finances - affaires étrangères - affaires culturelles - affaires économiques

Jean-Marc Ayrault, ministre des affaires étrangères et du développement international :

À ce sujet, il convient de mentionner plusieurs éléments.

D'abord, les 10 millions d'euros dont j'ai parlé. Lorsque j'en ai fait l'annonce au comité d'urgence économique pour le tourisme, en septembre, l'idée était qu'Atout France examine toutes les propositions élaborées en lien avec les professionnels du secteur et avec les collectivités territoriales, en particulier les régions. En Île-de-France, des propositions très concrètes ont été formulées. J'ai invité à cette coopération ; c'est ainsi, me semble-t-il, qu'il convient de procéder : on ne peut pas tout décider d'en haut, d'autant que les besoins diffèrent beaucoup selon les territoires.

Quoi qu'il en soit, l'objectif est bien d'encourager l'investissement avec l'appui de la Caisse des dépôts, grâce à une foncière dotée de 500 millions d'euros, dont 150 millions en fonds propres du groupe Caisse des dépôts et 350 millions provenant d'autres investisseurs institutionnels. Les cibles sont l'hôtellerie, la rénovation de l'ancien, la construction du neuf ; une attention particulière sera accordée aux zones de montagne, au littoral et à l'oenotourisme, domaine dans lequel une dynamique est en train de se créer. La société de gestion sera sélectionnée au printemps prochain et le premier investissement est prévu pour la fin du premier semestre.

La qualité de l'offre a grandement besoin d'être améliorée, en particulier dans le secteur de l'hébergement, qui, outre l'hôtellerie haut de gamme ou de luxe, inclut une hôtellerie destinée notamment au public français et dont la rénovation nécessite d'importants investissements.

S'y ajoute le fonds d'investissement de 400 millions d'euros sur cinq ans du groupe Caisse des dépôts, en fonds propres, pour développer les équipements et infrastructures touristiques dans les territoires – particulièrement les équipements numériques et portuaires, mais aussi l'hébergement. Les directions régionales de la Caisse des dépôts y oeuvreront avec les collectivités locales.

Enfin, un fonds de capital-développement de 100 millions d'euros de Bpifrance, créé en octobre 2015, est destiné aux PME innovantes du tourisme. La première opération a été lancée fin octobre 2016 : il s'agit d'un investissement dans le réseau d'auberges de jeunesse France Hostels, qui offre une alternative aux formes d'hébergement actuellement existantes en proposant des prix optimisés et en visant des publics plus jeunes, mais aussi une clientèle familiale au budget moins élevé. Car, pour être efficace dans le secteur touristique, il faut partir de la demande, laquelle est diversifiée.

Il est vrai que les attentats, mais aussi les intempéries, ainsi que les grèves et manifestations, ont davantage fait sentir leurs effets en Île-de-France que dans les autres régions. Quant à la Côte d'Azur, elle a connu la terrible épreuve de l'attentat du 14 juillet à Nice. Mais la capacité de résilience ainsi révélée est impressionnante : les professionnels ont réagi très vite, et même anticipé la diminution de la fréquentation. En Provence-Alpes-Côte d'Azur, en particulier dans la région de Nice, ils ont baissé les prix de l'offre hôtelière, ce qui a entraîné des conséquences très positives, notamment sur le coût des transports aériens proposés par les tour-opérateurs. Cette réactivité est essentielle – à court terme.

À plus long terme, ce sont des réformes structurelles qui s'imposent, dans les domaines de la formation ou du numérique, mais aussi par la diversification de l'offre, l'amélioration de la qualité de l'hébergement, le développement des nouveaux secteurs – l'oenotourisme, le tourisme d'affaires qui se porte plutôt bien en France et bénéficie d'une hausse cette année malgré les difficultés que nous connaissons. Il ne faut pas avoir du tourisme une vision uniforme : il existe en la matière une large gamme, et nous devons jouer sur tous les registres.

L'état d'esprit du secteur est à la mobilisation, une mobilisation très forte, en dépit des chiffres en baisse dans certaines régions et dans certains secteurs. J'ai pu le mesurer lors du dernier comité d'urgence : les professionnels veulent se prendre en main, se montrer réactifs et anticiper les évolutions. La France conserve de très nombreux atouts et, selon toutes les enquêtes d'opinion internationales, une image tout à fait positive, dans 80 % des cas. Tel est le socle sur lequel nous pouvons nous appuyer pour relever les défis auxquels nous sommes confrontés.

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