Intervention de Pascal Demarthe

Réunion du 26 octobre 2016 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPascal Demarthe, rapporteur pour avis :

Je tiens tout d'abord à saluer le travail du rapporteur pour avis, un travail qui met en exergue ce secteur économique particulièrement important qu'est la diffusion du cinéma et de l'audiovisuel français à l'étranger.

Alors qu'il y a quelques semaines le Festival Lumière de Lyon rendait hommage à Catherine Deneuve, après avoir récompensé Almodovar, Scorsese et Tarantino, on peut affirmer que le cinéma français est un secteur dynamique, en pleine expansion à la fois en France et à l'étranger.

Avoir choisi le sujet de l'exportation et de la diffusion du cinéma et de l'audiovisuel à l'étranger, monsieur le rapporteur, montre bien à quel point notre pays est spécifique, notre culture précieuse et notre création en bonne santé. Eh oui, le cinéma français a toujours la cote dans les salles à l'étranger, les bons chiffres du cinéma tricolore à l'export nous le prouvent. Pour la troisième fois en l'espace de quatre ans, les films français franchissent le seuil des 100 millions de spectateurs dans les salles étrangères. Ainsi, la France figure en tête des classements internationaux dans le secteur du cinéma avec plus de 111 millions d'entrées à l'international en 2015, réalisant 623 millions d'euros de recettes, selon le bilan établi par UniFrance. C'est plus que sur le marché national.

Le premier atout de notre pays tient au fait que le cinéma est une industrie culturelle ancienne et solide, modèle pour de nombreux pays étrangers. Le festival de Cannes, par exemple, a un rayonnement majeur et reste un modèle d'excellence dans le monde entier. Nos réalisateurs et nos acteurs sont reconnus et appréciés. L'école des Gobelins est devenue la meilleure école d'animation au monde. La France a été officiellement représentée aux Oscars cette année pour la catégorie du meilleur film en langue étrangère grâce à Mustang. Autant d'exemples qui montrent à quel point le succès du cinéma français à l'export est à la fois un vecteur essentiel de l'attractivité de la France et un atout majeur en matière de diplomatie économique.

Dans le domaine de l'audiovisuel, nous pouvons être fiers de nos séries télévisées, qui s'exportent de mieux en mieux. Le « made in France » séduit les télévisions étrangères. Nos fictions se sont profondément renouvelées ces dernières années et réussissent même à s'aligner face aux séries anglo-saxonnes.

Ces bons résultats s'expliquent par la politique volontariste de l'État envers l'audiovisuel. Le développement de la diffusion et de l'exportation est le fait d'établissements tels que le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC), UniFrance, TV France International, l'Institut français. Tous ces opérateurs permettent au secteur du cinéma et de l'audiovisuel de bénéficier d'aides à la création, à la production, à la distribution de films et à l'exploitation. Il faut continuer à les encourager car ce sont des vecteurs essentiels pour le développement économique et l'influence de la France à l'étranger. On ne doit pas oublier que, même si la France est le deuxième exportateur de films au monde, elle demeure loin derrière les États-Unis.

Les obstacles qui se présentent à nous tiennent principalement à la domination américaine du marché du cinéma. La stratégie commerciale des États-Unis s'impose toujours aujourd'hui ; vous parlez même d'une « saturation des écrans ». Et cela est grave, car c'est l'uniformisation de la pensée qui se profile ici.

Un second point faible pour notre pays vient du piratage. Les distributeurs français n'ont pas les moyens de sortir simultanément leurs productions dans le monde comme le fait l'industrie américaine. Je suis donc en accord avec la proposition, présentée dans le rapport, de développer l'offre légale en ligne afin de lutter contre le piratage qui pénalise fortement nos ressources.

Tout comme je partage l'avis que la France doit s'adapter aux nouvelles pratiques, notamment le numérique, qui a modifié nos habitudes. L'enjeu pour notre pays est de s'inscrire avec intelligence dans les nouveaux modes de diffusion. Si nous voulons continuer à exporter et contribuer à la diffusion et à la promotion de nos créations cinématographiques tout en les protégeant, nous devons absolument prendre en compte la révolution numérique.

Pour terminer, je tiens à évoquer un amendement qui vient d'être adopté dans le cadre du PLF 2017 et qui va dans le bon sens car il vise à stimuler l'investissement des sociétés de financement de l'industrie cinématographique et audiovisuelle (SOFICA) dans les séries, documentaires ou fictions, où la France souffre encore d'un déficit d'initiatives par rapport à ses voisins européens. Il permettra aussi d'orienter l'investissement vers les oeuvres audiovisuelles s'engageant vers une diffusion à l'international.

Parce que nous devons défendre la création et la diversité culturelle françaises, il faut maintenir le lien entre secteurs financier et culturel, stimuler notre production hexagonale et nous adapter à la modernité. C'est d'ailleurs dans l'étymologie même du mot « cinéma » : le mouvement. Nous devons continuer à valoriser ce mouvement de la France vers l'étranger.

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