Vous devez être identifié pour donner une opinion sur cet élement

Intervention de Hervé Baylac

Réunion du 6 octobre 2016 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Hervé Baylac, secrétaire général de la Fédération nationale des travailleurs de l'état, FNTE-CGT :

Madame la présidente, Mesdames et Messieurs les députés, nous sommes satisfaits de vous rencontrer car, depuis le début du conflit pour le retrait et l'abrogation de la loi « travail », la CGT n'a pas eu beaucoup de contact avec la majorité d'entre vous. D'ailleurs, nous serions curieux de savoir ce que cela fait d'avoir un Premier ministre qui n'entend pas faire voter une loi par les députés, préférant le passage par la voie du « 49-3 ». Pour nous, ce serait une forme de déshonneur. Mais vous le soutenez malgré le fait que trois Français sur quatre sont toujours opposés à cette loi scélérate. Une loi travail qui n'a pas tardé à s'appliquer au sein de la fonction publique puisque des discussions doivent s'ouvrir, notamment sur le CPA.

Il en est de même pour les positions « guerrières » prises par le président Hollande, chef de l'État et des armées. Celui-ci gère les conflits avec un noyau de fidèles sans demander l'avis de la représentation nationale. Drôle de conception de la démocratie ! On comprend mieux dès lors que lui et son ministre de la Défense se gargarisent de vendre des armes à des pays où la démocratie et les libertés ne sont pas les priorités. Les seuls gagnants dans l'histoire sont les dirigeants et les actionnaires des industries de défense, qui n'avaient jusqu'alors connu un tel soutien de la part d'un gouvernement. Mais bon, vous soutenez cette démarche !

À la CGT, nous la condamnons. Vous n'êtes pas sans savoir qu'une des valeurs fondamentales de notre organisation syndicale est la paix. Or aujourd'hui, le chef de l'État, son gouvernement et une majorité de députés cautionnent la guerre pour mettre un terme au terrorisme. Si telle était la recette, vu la multiplication des conflits contre ces terroristes, ceux-ci seraient purement et simplement éradiqués.

Depuis début 2015, notre pays a payé un lourd tribut au travers des attentats barbares qui nous ont tous frappés.

Pour la CGT, rajouter de la guerre à la guerre, de la violence à la violence, de la haine à la haine ne fait qu'amplifier les massacres dont sont victimes chaque jour des milliers de citoyens à travers le monde. Ceux qui en ont les moyens tentent de fuir, les autres sont sacrifiés pour soi-disant éradiquer le terrorisme. À ce sujet, nous vous interpellons, comme nous l'avons fait hier auprès du ministre, sur l'utilisation faite par des militaires de la messagerie interne à notre ministère à des fins politiques pour rejeter l'accueil des réfugiés dans notre pays. De tels individus n'ont pas leur place au sein de notre ministère, de notre République.

Venons-en au PLF 2017 qui, une fois de plus, voit les sommes consacrées à la dissuasion nucléaire augmenter. Un projet de budget qui semble ignorer l'usure des matériels et le manque de personnels civils pour le remettre en état et ainsi assurer la sécurité des militaires en opération. La CGT, comme d'autres organisations syndicales, n'a de cesse de revendiquer des recrutements de fonctionnaires et d'ouvriers de l'État, afin que puissent être réalisées les missions régaliennes. Encore une fois, les effectifs des personnels civils sont en baisse. En baisse avec un chantage inacceptable concernant les ouvriers de l'État. Nous ne développerons pas le sujet, mais sachez que la CGT n'acceptera pas de discuter sous la contrainte.

Des députés ici présents se déplacent parfois dans des établissements et peuvent mesurer le rôle, la place et l'implication de l'ensemble des personnels civils. Il est grand temps, Mesdames et Messieurs, que vous agissiez pour que les recrutements nécessaires soient réalisés à leur juste niveau, soit bien au-delà de ceux proposés – nous pouvons vous donner des chiffres – et aux seuls statuts de fonctionnaires ou d'ouvriers de l'État, pas en version low cost.

Il en est de même pour les salaires. Vous, parlementaires, osez individualiser les salaires. Ce n'était pourtant pas une promesse du candidat Hollande en 2012 ! De toute façon, depuis cette date, il a fait tout l'inverse de ce qu'il avait annoncé.

Plutôt que d'augmenter le point d'indice de manière transparente et de rétablir les bordereaux trimestriels avec le rattrapage des sommes dues, vous préférez, au travers des différentes lois, privilégier le patronat. Quand on fait le ratio entre les milliards versés et le nombre d'emplois créés – et pas forcément, d'ailleurs, en contrat à durée indéterminée (CDI) –, le bénéfice est de plus de 300 000 euros par emploi. C'est purement scandaleux, alors que, dans le même temps, il n'y a pas d'argent pour augmenter le SMIC et que les fonctionnaires de catégorie C de notre ministère vivent à peine au-dessus du seuil de pauvreté. Il en est de même pour l'ensemble des fonctionnaires, des ouvriers de l'État et des salariés sous conventions collectives, qui, pour les uns, se voient accorder une revalorisation ridicule du point d'indice, et, pour les autres, voient leurs salaires gelés depuis six ans et, pour les salariés de droit privé, des augmentations au titre de la négociation annuelle obligatoire (NAO) qui sont toujours au rabais. Il est grand temps que vous réagissiez, car le mécontentement exprimé par la rue pourrait se transformer dans les urnes.

Nous ne pouvons pas conclure notre intervention sans parler de KNDS, issu de la fusion de KMW et Nexter, qui est aujourd'hui dans une situation très inquiétante, notamment pour les sites présents sur notre territoire. Des établissements comme ceux de Roanne, Tulle ou encore Toulouse ne savent pas quel sera leur plan de charge en 2017. À qui la faute ? Au ministre Macron et aux députés qui ont fait le choix de privatiser ce groupe, de casser ce formidable outil industriel qui aujourd'hui pourrait fabriquer les fusils d'assaut, plutôt que de les acheter aux Allemands, et les munitions plutôt que de les acheter à Israël. En plus de brader notre outil industriel, c'est notre indépendance et notre souveraineté que vous êtes en train de détruire.

Il en est de même pour DCNS et le protocole d'accord – Head of Agreement (HOA) – en cours en vue d'une cession du site lorientais à Fincantieri, avec fermeture programmée du site tropézien et abandon de l'activité « torpille ». Avec un PDG roi de la finance mais ne connaissant rien à l'industrie, sa politique étant guidée par l'État actionnaire majoritaire, on est en train de brader nos savoir-faire et nos compétences, préférant le recours à des travailleurs détachés à l'emploi stable et statutaire. Pour ceux qui ne savent pas ici ce que sont les travailleurs détachés, car on n'en voit pas à l'Assemblée nationale, ce sont des hommes et des femmes rémunérés, sur notre territoire, 500 euros par mois. C'est ça l'Europe sociale que vous prônez ! Nous aurions encore beaucoup de choses à dire, mais nos syndicats locaux, avec les salariés, viendront vous en faire part dans vos permanences dès le 18 octobre.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion