Intervention de Danielle Auroi

Réunion du 15 juin 2016 à 9h30
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDanielle Auroi, Présidente de la Commission :

À mon tour d'intervenir, cette fois en tant qu'élue écologiste. Le charbon et le nucléaire me posent tous deux problème. Le choix de la France et le choix de la Pologne me posent problème. En matière de nucléaire, nous aurons bien progressé le jour où on m'expliquera quoi faire des déchets. Quant au charbon, c'est une importante source de pollution.

Je peux entendre ce que vous venez de dire, madame la présidente, sur la Pologne, et il faut que nous prenions le temps de trouver les bonnes solutions, mais la Chine et l'Inde disent la même chose : elles veulent utiliser leur trésor.

J'en profite pour nuancer un tout petit peu ce qu'a dit Bernard Deflesselles. Les Chinois seront bientôt deux milliards. Si l'on rapportait les efforts des uns et des autres à leur population respective, je crois que l'on s'apercevrait très vite que l'Union européenne doit fournir un effort bien supérieur à ce qu'elle propose aujourd'hui.

Il me semble qu'il y a deux sujets concomitants. Tout d'abord, je crois que nous voulons tous une plus grande indépendance énergétique de l'Union européenne. C'est pourquoi nous avons parlé et parlerons encore d'un marché commun européen de l'énergie, qui nous permettrait d'être moins dépendants du gaz russe mais aussi du pétrole de schiste du Canada. N'oubliez pas le drame technologique de Fort McMurray, qui non seulement a vidé toute une ville de ses habitants, mais a détruit et continue de détruire la forêt, montrant à quel point cette technologie est dangereuse. On le voit aussi aux États-Unis, où les séismes se multiplient et détruisent des parties de routes, par exemple. Certains connaissent ce très beau livre de Kerouac, Sur la route. À l'heure actuelle, ladite route est en grande partie détruite par l'exploitation du gaz de schiste : elle s'est effondrée.

N'oublions pas que chaque fois que nous essayons d'avoir de bonnes pratiques, nous encourageons les autres. Je me permets de dire que l'Accord de Paris est déjà ratifié par la France, mais c'est un peu normal, puisqu'elle était à la manoeuvre. Songez aussi, par exemple, que l'Inde développe énormément le solaire, à un rythme très soutenu. Vu le nombre d'habitants, c'est assez efficace. L'utilisation de la biomasse, par exemple dans les villages, connaît également un développement très rapide en Inde : les déchets des animaux sont utilisés pour faire du gaz. Nous ne sommes donc pas les seuls à faire des efforts et en termes d'efficacité énergétique et en termes d'énergie renouvelable.

L'Europe s'est fixé des ambitions très élevées. Elle a été la bonne élève de Kyoto, il serait bon qu'elle fût la bonne élève de Paris, si je puis dire. Las, elle a renoncé à l'objectif contraignant des « trois fois vingt ». Ainsi, beaucoup d'États européens se lancent dans d'autres énergies, par exemple avec du charbon le plus propre possible, mais du charbon quand même, ou avec des transports très compliqués d'électricité sur de grandes distances, plutôt que de viser l'efficacité énergétique – car la meilleure énergie est tout de même celle que l'on n'a pas dépensée ! Nous sommes quand même l'une des zones les plus peuplées au monde. Avec une meilleure efficacité énergétique, nous gagnerions beaucoup, y compris en indépendance énergétique, d'ailleurs.

Quant aux énergies renouvelables, nous les cherchons tous ensemble. Un marché décarboné est absolument nécessaire et la révision du fonctionnement du marché des quotas d'émission de CO2 est totalement indispensable, en particulier avec un prix minimum. Sans cela, il est évident que les entreprises, en particulier, ne feront pas beaucoup d'efforts.

Je me permets de le dire : pour un État comme la France, confronté au chômage, c'est grâce aux énergies renouvelables et à l'efficacité énergétique que beaucoup d'emplois pourront être créés. Nos efforts ont aussi du sens de ce point de vue.

Enfin, j'irai dans le même sens que Bernard Deflesselles : il faut, pour les pays du Sud, des échanges, des transferts de technologie, et il faut aussi abonder le Fonds vert. L'Afrique, à l'heure actuelle, est bien mieux placée que la France pour faire du solaire ! Je me permets au passage de rappeler qu'à ma connaissance l'Autriche est un des pays qui utilisent le mieux le solaire en Europe. On peut donc toujours faire de l'énergie renouvelable si la volonté politique est au rendez-vous, mais c'est précisément l'une des choses que nous partageons. Chaque fois que nous sommes solidaires sur ces sujets, nous avançons tous ensemble et nous sommes plus efficaces.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion