Intervention de Lionel Collet

Réunion du 12 juillet 2016 à 17h00
Commission des affaires sociales

Lionel Collet :

Monsieur Tardy, le conseil d'administration de l'Agence nationale de santé publique comporte, non pas un, mais quatre représentants des usagers : un membre représentant les associations d'aide aux victimes d'accidents du travail ou de maladies professionnelles ; un membre représentant les associations de défense des consommateurs ; un membre représentant les associations de protection de l'environnement ; et un membre représentant les associations ayant une activité dans le domaine de la qualité de la santé et de la prise en charge des malades. L'appellation « Santé Publique France » est la marque de l'Agence, pour la raison que j'ai expliquée tout à l'heure.

Monsieur Lurton, le regroupement des agences va-t-il aboutir à une optimisation, voire à des économies ? Le budget 2015 de chacune des trois agences a été reconduit pour l'année 2016 ; il est clair que l'on peut espérer dégager des marges pour l'avenir. D'abord, tous les agents des anciennes agences pourront être installés à Saint-Maurice – ceux de l'EPRUS sont actuellement à Saint-Denis. Il peut également y avoir une organisation différente des fonctions supports. Le système d'information lui-même peut être restructuré, tout en en gardant une grande confidentialité pour une partie. Mais je le redis, l'objectif premier de ce rapprochement est la synergie des compétences des agences d'origine.

Madame Le Callennec, l'axe stratégique « populations » de l'Agence comprend un programme « petite enfance, parents et femmes enceintes ». Le nombre de prématurés est important, mais heureusement beaucoup d'entre eux sont viables, même lorsqu'ils pèsent 1 000 grammes à la naissance. Il y a donc beaucoup de progrès, car lorsque je faisais mes études de médecine, la probabilité de survie d'un enfant pesant 1 500 grammes à la naissance était considérée comme faible. Pour autant, ces enfants font partie des populations à risques, en particulier les grands prématurés qui présentent un risque plus élevé de troubles auditifs. Je m'assurerai donc auprès du professeur Bourdillon que les enfants prématurés fassent bien partie de notre programme.

Monsieur Touraine, que pouvons-nous faire de mieux en matière de prévention ? Je répondrai en trois points.

Premièrement, nous disposons d'un levier, puisque l'INPES était chargé des politiques de prévention et d'éducation à la santé. Le budget de l'Agence nationale de santé publique s'élève à 200 millions d'euros, ce qui est loin d'être négligeable. La consultation sur la vaccination permettra d'entendre ceux qui voient dans celle-ci un bénéfice en termes de santé publique, et pas uniquement ceux qui lui sont opposés alors même qu'ils ont été vaccinés et sont en bonne santé. Il faut avoir le courage de communiquer sur les avantages de la vaccination au regard de la santé publique, ce qui ne veut pas dire qu'elle ne présente aucun effet indésirable : l'accident vaccinal existe, mais il est très rare, et l'Office national d'indemnisation des accidents médicaux (ONIAM) a pour mission dans notre pays d'organiser le dispositif d'indemnisation des victimes d'accidents médicaux.

Deuxièmement, l'Agence va mettre un oeuvre un programme « stratégies scientifique et internationale », car il est essentiel qu'elle se situe dans un cadre international en lien avec les autres agences. François Bourdillon ne s'est pas contenté de prendre des contacts : il siège dans ces associations, ce qui permet de mettre sur pied des coordinations, sachant qu'un certain nombre de pathologies ne se limitent pas à nos frontières.

Troisièmement, il est un sujet dont on parle peu : les chutes chez les personnes âgées. On estime que les trois quarts des décès provoqués par des chutes surviennent chez les personnes de plus soixante-quinze ans. Une étude menée par une équipe de Baltimore a montré qu'une perte auditive de seulement 25 décibels multiplie par trois le taux de chute chez les personnes âgées non appareillées. Du fait de cette perte auditive, les personnes âgées repèrent moins bien les sources sonores, mais, surtout, elles ont une charge cognitive plus élevée, c'est-à-dire qu'elles doivent avoir une attention plus soutenue. Or avec l'âge, l'équilibre demande une plus grande attention. On pense donc qu'il existe un lien entre une charge attentionnelle dirigée vers l'audition et l'accroissement des chutes au sein de cette population. Ainsi, une des actions de l'Agence sera de caractériser cette population. Nous devrons également nous assurer que les personnes malentendantes âgées puissent bénéficier d'un appareillage en vue de réduire leur dépendance.

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